mardi 11 août 2009

Actualité religieuse : les promesses de septembre

En termes d'actualité religieuse au Québec, le mois de septembre est rempli de promesses. Il sera intéressant de voir comment les événements à venir seront, d'une part, utilisés au sein de l'Église catholique et, d'autre part, couverts par les médias.

Le tout débute en lion avec le retour à l'école, qui sera sans doute accompagné du retour du débat portant sur le cours d'éthique et de culture religieuse. Les résultats des procès de Drummondville et de Montréal sont attendus avec impatience et la grogne des parents continue.

1984
Ensuite, le mois de septembre marquera le 25e anniversaire de la longue visite du pape Jean-Paul II au Canada (1984). Jusqu'à maintenant, les diocèses du Québec brillent par l'absence d'activité commémorative de grande ampleur. J'ai reçu des messages de certains catholiques qui s'inquiètent du manque d'activités officielles entourant cet anniversaire. D'ailleurs, de telles commémorations pourraient être l'occasion de rappeler toutes les avancées dans le dialogue entre l'Église catholique et les peuples des Premières nations du Canada au cours de la dernière année, dialogue qui est justement très redevable à Jean-Paul II.

Pour une deuxième année, ce sera le retour du Dimanche de la catéchèse organisé par l'Office de catéchèse du Québec. L'an dernier, le porte-parole était Emmett Johns, le « père Pops », qui avait livré un témoignage émouvant à l'occasion d'une conférence de presse où les journalistes brillaient par leur absence, visiblement peu intéressés par cette initiative. Cette année, le principal porte-parole est Mgr Maurice Couture, archevêque émérite du diocèse de Québec. Il aura la lourde tâche d'expliquer en quoi consiste au juste le Dimanche de la catéchèse, ce que l'Église catholique a eu des difficultés à faire l'an dernier à l'extérieur de cercles catéchétiques très restreints. La trousse est déjà disponible depuis un bon moment à cette adresse.

La théologie québécoise en crise
C'est également le retour en classe pour les universitaires, et ça sent le roussi pour les différentes facultés de théologie dans la province. C'est sans surprise que le doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, l'abbé Marc Pelchat, m'indiquait la semaine dernière que la faculté cherche à couper dans ses dépenses. Malgré tout, elle conserve une place relativement enviable au Québec en ce qui concerne l'enseignement de la théologie catholique.

Du côté de l'Université de Sherbrooke, la Faculté de théologie vient d'être amputée en juin dernier des études en philosophie, qui relèvent maintenant de la Faculté des lettres et des sciences humaines. On a également changé le nom pour Faculté de théologie au lieu de Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie. De plus, rappelons qu'en date de septembre 2008, la faculté comptait moins de 250 étudiants sur les près de 17 500 inscrits à l'Université de Sherbrooke, ce qui correspond à environ 1% des étudiants...

Quant à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Montréal, la nomination de Jean-Claude Breton au poste de doyen en remplacement de Jean Duhaime au mois de juin soulève des questions sur la vision d'avenir de la faculté. Car si les compétences du frère dominicain ne sont plus à démontrer, son âge avancé en a étonné plus d'un au moment de sa nomination.

Bref, septembre est rempli de promesses. Reste maintenant à voir qui devra s'en porter garant.

lundi 10 août 2009

La réorganisation du livre religieux au Québec

Avec la vente des Éditions Anne Sigier à Médiaspaul au mois de juillet et l'acquisition de Novalis par le français Bayard en 2008, le monde du livre religieux au Québec vit de profonds changements qui s'illustrent avant tout par une concentration du livre religieux entre les mains de grands éditeurs européens.

Il n'y a pas si longtemps, plusieurs maisons d'édition se partageaient le gâteau. Novalis, avec son Prions en Église, régnait dans la région d'Ottawa, mais son rayonnement atteignait l'ensemble des milieux francophones du Canada. À Montréal, Fides et Médiaspaul étaient bien implantés. Dans la région de Québec, madame Anne Sigier venait diversifier l'offre.

Mais désormais, la situation a bien changé : Novalis appartient au géant français Bayard, Médiaspaul consolide sa présence sur le marché québécois (Montréal, Sherbrooke) en achetant les Éditions Anne Sigier et Fides délaisse de plus en plus le livre religieux. Même avec la présence des deux Librairies Paulines au Québec (Montréal et Trois-Rivières), le Canada francophone semble s'acheminer vers un marché partagé entre les européens Bayard et Médiaspaul.

Cette réorganisation soulève quelques questions, mais n'émeut pas les milieux religieux à outrance. Tant avec l'achat de Novalis que celui des Éditions Anne Sigier, les acheteurs ont promis une transition douce et progressive. Ainsi, le lecteur ne doit sans doute pas s'attendre à de grands changements au cours des prochains mois. Mais tout de même, on ne sait jamais : la crise économique n'épargne pas le milieu du livre religieux.

Médiaspaul a déjà indiqué son intention de revamper considérablement la librairie Anne Sigier à Québec. Dernièrement, les rayons étaient moins garnis, une situation à laquelle Médiaspaul entend bien remédier. Le nom de la librairie pourrait également changer au cours des prochains mois. Pour l'instant, elle conserve le nom de Mme Sigier. Il faut dire que la fondatrice continue encore son travail pour faciliter la transition pendant quelques mois.

Quant à la place faite aux auteurs d'ici, seul le temps le dira. Car le rachat d'une maison d'édition par une plus grande n'inquiète pas en raison de la taille de cette dernière, mais plutôt par les choix d'entreprise qui s'imposent et par le processus d'acception des manuscrits. Autrement dit, une maison d'édition de plus petite taille a habituellement tendance à se concentrer sur des auteurs locaux. Présentement, Bayard et Médiaspaul semblent avoir une bonne connaissance du Québec et de ses auteurs. Pourra-t-on en dire autant d'ici quelques années ? Leur capacité à garder cette sensibilité et l'intérêt du marché pour le livre religieux risquent fort d'être les deux conditions sine qua non pour l'accessibilité à des livres religieux.