dimanche 8 novembre 2009

Développer son potentiel hétérosexuel ?

(À lire également au www.philippevaillancourt.com)

Des sessions de formation prévues à l'église Notre-Dame-des-Champs de Repentigny ont récemment causé une levée de boucliers sur Internet. Intitulées Aider mon enfant à développer son potentiel hétérosexuel, ces sessions visent à épauler des parents confus face à l'orientation sexuelle de leur enfant.

Des trois séances prévues, une seule aura finalement eu lieu, puisque celles des 9 novembre et 7 décembre ont été annulées.

Cette histoire a été alimentée par Patrick Lagacé au journal La Presse qui parlait de Michel Lizotte, le conférencier, dans un article publié le 30 octobre. Par la suite, un groupe opposé à ces sessions s'est formé sur Facebook, et plusieurs blogueurs ont dénoncé le prêtre Christian Lépine et le conférencier Lizotte.

Éclaboussée
L'Église catholique est doublement éclaboussée dans cette affaire.

Tout d'abord, parce que le curé de Notre-Dame-des-Champs est également professeur au Grand Séminaire de Montréal. Il n'en fallait pas plus à plusieurs internautes pour immédiatement relancer le débat sur la formation des prêtres.

Ensuite, par qu'il a fallu encore moins de temps à ces mêmes internautes pour suivre la trace de Michel Lizotte jusqu'au www.ecdq.tv, le site multimédia pastoral du diocèse de Québec. M. Lizotte anime d'ailleurs l'émission de télévision Lumière du Monde, produite par le diocèse et diffusée à Vox et à Télévision Sel et Lumière.

lundi 2 novembre 2009

Ce qu'il faut retenir de l'assemblée plénière de l'épiscopat canadien (2e partie)

(à lire également au www.philippevaillancourt.com)

Développement et Paix
Après le scandale du printemps, la discussion sur l'Organisme catholique pour le développement et la paix - Développement et Paix (D&P) - était très attendue. Essentiellement, les évêques ont convenu d'exercer un plus grand contrôle sur D&P et d'aller de l'avant avec l'implantation des recommandations du comité d'enquête mis sur pied pour vérifier l'action de l'organisme au Mexique suite aux allégations de LifeSiteNews.com.

Une déclaration à ce sujet a été adoptée.

L'Église et Internet
En lien avec cette histoire, une discussion à huis clos a eu lieu au sujet des sites Internet et des blogues. Cette partie de la plénière n'est pas abordée dans les communiqués de presse officiels émis tout au long des jours de cette assemblée plénière.

Le père Thomas Rosica, l'homme à la tête de Télévision Sel et Lumière, avait préparé une présentation au sujet de la délicate question des sites et des blogues.

Il a lui-même été pris à partie il y a quelques semaines par LifeSiteNews au sujet des funérailles de Ted Kennedy dans le diocèse de Boston.

Depuis quelques années, le débat entre catholiques a été endurci par des propos enflammés sur plusieurs sites Internet et blogues catholiques. Cette situation n'est dénoncée que du bout des lèvres, tant au Canada qu'aux États-Unis. En fait, peu de voix osent s'élever pour dénoncer le climat malsain de peur qui s'est emparé de plusieurs organismes catholiques dont les actions sont scrutées dans les moindres détails par certains blogues, appuyés par des groupes de plus en plus séduits par la tentation de déterminer qui est catholique et qui ne l'est pas.

À cet égard, Mgr Weisgerber a donné le ton dès le début de l'assemblée plénière en rappelant qu'il appartient aux évêques de juger de la catholicité d'une personne ou d'un organisme.

Sous le couvert de l'anonymat, plusieurs individus à la tête d'autres organismes catholiques canadiens ont confié à Crayon et goupillon qu'ils préfèrent se taire, de peur d'être pris pour cible et de voir l'aide financière dont ils dépendent être réduite.

Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la rencontre abordant cette question se tenait à huis clos. Les évêques et les experts appelés à se prononcer voulaient s'assurer d'avoir les coudées franches pour aborder le problème en toute franchise.

Une prise de bec dans les corridors entre le père Rosica et LifeSiteNews n'est pas passée inaperçue. Connue de peu de personnes, elle témoigne de la tension qui gangrène la qualité des débats.

Car le père Rosica est loin de ce qu'on pourrait qualifier de « catholique de gauche ». Plusieurs catholiques, pour qui les idées du père Rosica et celles LifeSiteNews ne sont pas si éloignées, ont été étonnés de prendre connaissance de cette vive discussion en public.

Bref, la conférence épiscopale canadienne semble être sensible à cette nouvelle réalité.

Élections
Enfin, les élections sont venues confirmer plusieurs impressions. Il faut dire que ces élections ne sont jamais remplies de surprises. La conférence épiscopale choisit les membres de son exécutif en fonction d'un principe de rotation. Ainsi, le cotrésorier devient vice-président après deux ans, et président après quatre ans. L'élection qui faut observer n'est pas celle du président, mais bien celle des cotrésoriers, puisqu'ils deviennent habituellement présidents après quelques années.

L'élection de Mgr Paul-André Durocher a confirmé sa montée comme l'une des vedettes montantes de l'épiscopat canadien. En devenant cotrésorier, il a de grandes chances de devenir le président de la CECC dans quatre ans. Le jeune évêque du diocèse d'Alexandria-Cornwall avait déjà été pressenti pour occuper le poste d'archevêque d'Ottawa. À 55 ans, parfaitement bilingue, il a encore tout son temps. Certains rêveraient même de le voir à Montréal...

Mgr James Weisgerber, archevêque de Winnipeg, terminait son mandat à la présidence de la CECC. Il est remplacé par l'évêque de Saint-Jérôme, Mgr Pierre Morissette. Le mandat de Mgr Weisgerber a été particulièrement marqué par le travail de réconciliation effectué avec les Premières Nations. Les deux moments forts de ce travail furent l'intervention de Phil Fontaine, alors Chef national de l'Assemblée des Premières Nations, à l'assemblée plénière de la CECC en 2008, et la rencontre avec le pape à Rome au printemps.

Mgr Pierre Morissette a une bonne connaissance de l'Église au Québec. L'évêque, qui aura 65 ans le 22 novembre, a travaillé dans les diocèses de Québec, de Baie-Comeau et de Saint-Jérôme.

La vice-présidence sera assurée par Mgr Richard Smith, archevêque d’Edmonton.

Les deux cotrésoriers sont Mgr Paul-André Durocher, évêque d’Alexandria-Cornwall, qui entreprend un deuxième mandat consécutif comme représentant du Secteur français, et Mgr Douglas Crosby, O.M.I., évêque de Corner Brook et Labrador.

Les quatre régions épiscopales du Canada seront représentées par Mgr Claude Champagne, O.M.I., évêque d’Edmundston, au Nouveau-Brunswick, Mgr Eugène Tremblay, évêque d’Amos, au Québec, Mgr Ronald Fabbro, C.S.B., évêque de London, en Ontario, et Mgr Luc Bouchard, évêque de Saint-Paul, en Alberta.

mardi 27 octobre 2009

Affaire Lahey : Mgr Ventura donne sa version des faits

À quelques jours de son départ du Canada, Mgr Luigi Ventura sort de son silence et donne sa version des faits en répliquant à La Presse au sujet du scandale Lahey.

Dans une entrevue téléphonique, le nonce apostolique tient d'abord à clarifier sa position sur le cas Lahey : « J'étais choqué, comme tout le monde. »

Quelques jours après l'annonce des accusations portées contre l'ex-évêque d'Antigonish pour possession et importation de pornographie juvénile, un article de La Presse reprenait à son compte les arguments de l'Association des victimes de prêtres du Québec. À en croire ce journal, Mgr Ventura aurait volontairement tenté « d'étouffer l'affaire Lahey ».

La Presse n'a visiblement pas cru bon de questionner le principal individu visé par de telles allégations avant de mettre sous presse. Ainsi, le journal prête des intentions à Mgr Ventura sans l'avoir préalablement consulté pour obtenir sa version des faits.

« Je suis arrivé d'Italie le dimanche (ndlr : 20 septembre), et j'ai été informé du fait qui s'était passé à l'aéroport (ndlr : 15 septembre) dans des termes très génériques. Le particulier, je l'ai su comme tout le monde, de la presse. Je l'ai lu dans les journaux », explique Mgr Ventura.

Mgr Luigi Ventura aurait-il dû faire éclater cette histoire au grand jour ? Pour répondre honnêtement à cette question, il importe d'avoir une bonne compréhension de la succession des événements.

Car contrairement à ce que suggère l'Association des victimes de prêtres du Québec, Mgr Luigi Ventura a réagi en dépit d'informations incomplètes.

Rappelons par ailleurs qu'un mandat d'arrestation n'a été émis que le vendredi 25 septembre et que, jusqu'à preuve du contraire, le matériel électronique et informatique confisqué à Mgr Lahey à l'aéroport d'Ottawa faisait partie d'une démarche pour déterminer s'il y avait matière ou non à enclencher des procédures judiciaires.

« Ce que j'ai reçu était suffisant pour démissionner », assure l'ambassadeur du Saint-Siège au Canada.

Autrement dit, dans ce cas, les soupçons ont suffi à mettre en branle le processus de démission. Le nonce a donc exhorté Mgr Raymond Lahey à démissionner.

« La lettre [de démission] est arrivée exactement à la nonciature avec le courrier normal le mercredi 23 septembre. J'étais arrivé le samedi 19 septembre à la nonciature, [de retour] d'Italie. La réponse de Rome est arrivée le 25, c'est-à-dire le vendredi. Et la nouvelle de la démission acceptée à été publiée le 26 », relate le prochain nonce apostolique en France.

Le mandat d'arrêt pancanadien à l'endroit de Mgr Lahey a été émis le 25 septembre par la police d'Ottawa. Rome a également confirmé le 25 septembre qu'on acceptait la démission de Mgr Lahey. Or, il ne saurait y avoir de lien de causalité entre ces deux événements : le décalage horaire, le processus déjà enclenché de la démission de Mgr Lahey, le mandat d'arrêt strictement canadien et le fait que l'existence de ce mandat n'ait été médiatisée que le 30 septembre sont autant d'éléments qui rend farfelue l'affirmation du contraire.

Le lien de causalité doit plutôt être établi avec l'interpellation de Mgr Lahey à l'aéroport. Ainsi, l'acceptation de la démission de l'évêque d'Antigonish est l'aboutissement d'un processus basé sur des soupçons. Il n'y avait encore officiellement aucune contrainte légale forçant cette décision.

Loin d'étouffer l'affaire, Mgr Ventura a au contraire exercé un véritable leadership confirmant on ne peut plus clairement la politique de tolérance zéro décrétée par Rome suite aux trop nombreux cas de pédophilie. Mais fallait-il pour autant ébruiter l'affaire ?

«La nonciature n'a pas le devoir de publier des nouvelles que je ne connaissais pas dans les détails », fait valoir Mgr Ventura, faisant référence à ces allégations selon lesquelles il aurait tenté d'étouffer l'affaire.

À part une incohérence sur sa date d'arrivée au Canada en provenance d'Italie, la version de Mgr Ventura tient la route.

Quant à la Conférence des évêques catholiques du Canada, Luigi Ventura affirme qu'elle était au courant, mais qu'elle n'en savait pas davantage.

« Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada était informé dans les termes que je connaissais. C'était très peu, et générique. »

Le prélat est catégorique lorsqu'on lui demande son opinion sur l'article alléguant qu'il aurait voulu maintenir un « voile de silence » sur l'affaire Lahey.

« Ce qui est paru dans La Presse, c'était de la pure fantaisie, de la mystification. Je le dis : de la mystification. Je n'ai pas compris l'intention et pourquoi ils ont voulu chercher (sic) comme ça », tranche Mgr Ventura.

Départ pour Paris
Mgr Luigi Ventura partira pour l'Europe le 4 novembre. Il intégrera ses fonctions de nonce apostolique à Paris vers la fin du mois de novembre.

L'annonce de son transfert a été faite le 22 septembre dernier. Or, la décision date du 9 juin dernier. On a donc laissé passer l'été entre la décision du Saint-Siège et l'annonce de cette décision.

Avant cette date, plusieurs rumeurs laissant présager cette nomination circulaient déjà.

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Retrouvez également cet article à l'adresse suivante : philippevaillancourt.com

samedi 24 octobre 2009

Ce qu'il faut retenir de l'assemblée plénière de l'épiscopat canadien (1re partie)

L'assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada vient de prendre fin. L'an dernier, les relations avec les autochtones avaient particulièrement retenu l'attention. En 2009, c'est plutôt une brochette de sujets chauds pour l'Église catholique qui a donné le ton à la rencontre.

Rassemblés à Cornwall en Ontario, les évêques ont d'entrée de jeu abordé le cas de Mgr Raymond J. Lahey, l'ex-évêque d'Antigonish qui doit répondre à des accusations de possession et d'importation de pornographie juvénile au Canada. Le président sortant de la CECC, l'archevêque de Winnipeg, Mgr James Weisgerber, en a profité pour traiter lui-même de la question.

« L’arrestation de Mgr Raymond Lahey a été particulièrement douloureuse en raison de la gravité des accusations, mais aussi parce qu’il met en cause un ancien membre de notre Assemblée, un frère dans l’épiscopat, et aussi, pour plusieurs d’entre nous, un ami », a-t-il indiqué.

Mgr Weisgerber a rappelé que depuis près de 20 ans, à la suite de la publication du document intitulé De la douleur à l’espérance, les diocèses du Canada ont affiché leur détermination « à protéger et sauvegarder la famille humaine et les communautés chrétiennes contre toutes violations de la dignité humaine et à porter une attention spéciale aux victimes et à leurs familles ».

Au terme de la première journée de l'assemblée plénière, les membres de la CECC ont accueilli Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique au Canada, qui occupera dès la fin du mois de novembre la fonction de nonce apostolique en France, après huit ans au Canada.

Dialogue avec les anglicans
Peu de médias au Québec ont saisi cette semaine l'ampleur de l'importance de l'annonce faite par le Vatican de mettre en place des instances pour accueillir certains anglicans souhaitant quitter la Communion anglicane. Au Canada, le hasard a voulu que cela coïncide avec le passage du primat de l'Église anglicane du Canada, Mgr Fred Hiltz.

« Des barrières sont tombées, à notre grand étonnement », s'est-il réjoui. « Nous percevons maintenant une volonté accrue de travailler et de marcher ensemble. »

Mgr Hiltz a aussi profité de l’occasion pour inviter un représentant de la CECC à participer au prochain Synode général de l’Église anglicane du Canada et pour demander que l’on continue de réfléchir à la possibilité d’une rencontre conjointe des évêques anglicans et catholiques du Canada.

Rappelons au passage que 43% de la population canadienne est d'appartenance catholique, contre 7% pour les anglicans.

Par ailleurs, une partie de la troisième journée était consacrée au dialogue entre les catholiques et les anglicans.

Pro-vie : prise de conscience des évêques
Les évêques ont également abordé la question du respect de la vie. Ils ont parlé des positions connues de l'Église catholique sur l'avortement, l'euthanasie et le suicide assisté.

Le thème du respect de la vie est devenu un terrain glissant au Canada au cours des dernières années. À ce propos, l'évêque de London, Mgr Ronald Fabbro, a mis tous les évêques en garde.

« Si les évêques ne participent pas activement au débat, d’autres personnes ou groupes le feront à leur place», a-t-il précisé. « En un tel cas, il est possible que l’enseignement de l’Église soit déformé. Il nous appartient donc d’informer les catholiques de ce qui constitue le fondement de notre foi. »

Mgr Fabbro faisait référence à des groupes au sein même de l'Église catholique qui ont de plus en plus tendance à se radicaliser. C'est notamment le cas de Lifesitenews.com, le site Internet à l'origine de bien des prises de bec dans le Canada anglais. Le climat de dénonciation publique entre catholiques, qui ne sont pas toujours d'accord sur l'approche à avoir en matière de respect de la vie, a fini par mettre plusieurs évêques mal à l'aise.

Dans le cadre de cette plénière, plusieurs d'entre eux ont réalisé les limites qu'il y a à s'associer pleinement à de tels groupes.

Pour sa part, Mgr Blanchet a souligné que des tensions et des difficultés ont émergé au fil des ans chez les personnes et groupes qui se sont portés à la défense de la vie, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Il a fait valoir l’importance de chercher une unité dans la pensée et l’action, en favorisant le dialogue entre les divers éléments du « mouvement pro-vie ». Un tel dialogue, a-t-il suggéré, permettrait d’éliminer les irritants à l’intérieur du mouvement et de trouver un terrain commun.

(2e partie à venir)

lundi 19 octobre 2009

Canonisation du frère André : il ne reste qu'une étape

La canonisation du frère André vient de franchir une étape clef. La Commission théologique de la Congrégation pour la cause des saints au Vatican vient de confirmer un deuxième miracle attribué au religieux de la Congrégation de Sainte-Croix. Il ne reste maintenant qu'une seule étape décisive avant de pouvoir dire « saint frère
André »
.

Cette nouvelle a été transmise par le vice-postulateur de la cause de canonisation du frère André, père Mario Lachapelle, c.s.c., en poste à Rome, le 17 octobre 2009.
« Selon l’opinion des théologiens, la guérison étudiée et déclarée scientifiquement inexplicable par une commission médicale en février 2009 est attribuée hors de tout doute possible à l’intercession de frère André. Il s’agit là d’une autre étape essentielle dans sa cause de canonisation », a précisé le père Lachapelle.

Dernière étape
La cause peut maintenant recevoir l’attention de la Congrégation ordinaire des cardinaux et des évêques composée de 15 membres, soit la dernière instance chargée d’étudier le cas.

Le mandat de ces derniers est de juger, entre autres, la pertinence d’étendre la dévotion à frère André à l’Église universelle. Après les recommandations des deux commissions (médicale et théologique) et l’avis de la congrégation de cardinaux et d’évêques, le pape Benoît XVI décidera des suites à donner à la cause de canonisation du fondateur de l'oratoire Saint-Joseph à Montréal.

L'universalité de l'homme
Il serait étonnant que Rome ne reconnaisse pas le caractère universel de l'homme. L'oratoire Saint-Joseph demeure l'un des plus grands centres de dévotion au père de Jésus dans le monde. Chaque année, des pèlerins du monde entier le visite. La figure humble du frère André transcende les cultures.

Par ailleurs, la canonisation du frère André revêtirait un caractère symbolique particulièrement fort pour l'ensemble de l'Église catholique qui peine à redéfinir son rôle dans un Occident de plus en plus sécularisé.

Cela permettrait au pays d'avoir son premier saint masculin né au Canada, un pays qui compte finalement peu de saints. Du côté masculin, il y a eu les saints Martyrs canadiens. Du côté féminin, il y a sainte Marguerite d'Youville et sainte Marguerite Bourgeoys.

samedi 17 octobre 2009

Épiscopat québécois : départ de Rolande Parrot

La responsable des communications de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec vient de prendre sa retraite. Mme Rolande Parrot, qui occupait ce poste depuis 1998, quitte en partie en raison de la fatigue accumulée. Elle a déjà quitté ses fonctions.

Dès l'annonce de son départ cette semaine, des messages de remerciement et d'encouragement ont afflué, particulièrement sur le blogue de l'Association canadienne des périodiques catholiques.

Quant à l'avenir des communications à l'AECQ, le secrétaire général Bertrand Ouellet a simplement indiqué que l'exécutif devra se pencher sur cette question dans les jours à venir.

Mme Parrot a eu une longue carrière dans le domaine des communications ecclésiales. En 2008, elle a reçu le prix Marie-Guyart qui récompense une personne pour son travail dans l'univers des périodiques catholiques canadiens.

jeudi 15 octobre 2009

1,9 million $ : multiplication des pains pour Sel + Lumière

Au réveil ce matin, Télévision Sel + Lumière était plus riche de près de 1,9 million $. Grâce à quelques dons majeurs, cette chaîne câblée catholique tire plutôt bien son épingle du jeu dans la difficile joute des dons.

« Cette soirée est un témoignage du soutien important qu'obtient Télévision Sel + Lumière d'un bout à l'autre du pays », a affirmé le père Thomas Rosica, csb, pdg de la Fondation catholique Sel et Lumière média.

La somme a été amassée au cours d'une soirée bénéfice rassemblant 150 convives qui se tenait au Royal Ontario Museum. Ce gala 2009, Une soirée à la Mer morte, s'est tenu autour de l'exposition historique sur les Manuscrits de la mer Morte et des Dix Commandements du Deutéronome.

Retenons comme principal fait marquant de la soirée un don de 1 million $ de la part de la Fondation Hilary M. Weston pour la jeunesse (famille Weston) pour le développement de nouvelles émissions présentant les enseignements du pape Benoît XVI sur les relations interreligieuses.

Deux autres dons majeurs ne sont pas passés inaperçus : le Conseil suprême des Chevaliers de Colomb a donné 500 000 $, tandis que la famille Desmarais et Power Corporation du Canada a accordé 50 000 $ à la chaîne bilingue.

Sel + Lumière existe depuis à peine six ans et compte environ 2 millions de téléspectateurs au Canada.

mardi 13 octobre 2009

Investissements en patrimoine religieux : l'impact médiatique pourrait être mitigé

Le 6 octobre dernier, le gouvernement du Québec annonçait officiellement les montants accordés à la restauration du patrimoine religieux cette année. Or, contrairement à l'an dernier, il était ardu de mettre la main sur la liste complète des projets retenus auprès du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. Fait anecdotique ou changement de stratégie ?

Autrement dit, les journalistes ont pu connaître le total des investissements par région administrative du Québec, mais n'ont pas pu avoir accès à une liste détaillée des projets retenus pour l'ensemble de la province auprès du ministère. Cette liste peut cependant être consultée en cliquant sur ce lien, le site du Conseil du patrimoine religieux du Québec.

Pourtant, pour arriver au total de 23 millions de dollars, il a bien fallu compiler les montants des différents projets au ministère de la Culture. D'ailleurs, même la quantité de projets est précisée par région. La ministre Christine St-Pierre a donc fait une annonce de 23 millions de dollars avec un communiqué gouvernemental dépourvu de sa moelle.

Confusion au ministère
Ce qui est surtout inquiétant, c'est de constater que les responsables des communications du ministère n'étaient pas en possession de cette liste et n'étaient pas en mesure, au lendemain de l'annonce faite par la ministre dans l'église Saint-Dominique, à Québec, d'indiquer clairement aux journalistes où se la procurer.

On a simplement indiqué que, du côté du ministère, les annonces se feront au fur et à mesure dans les différentes régions. Par ailleurs, on n'a pas été en mesure de confirmer qu'il s'agit d'un nouveau plan de communications.

Veut-on permettre au Conseil du patrimoine religieux du Québec de briller davantage pour mieux se concentrer sur d'autres dossiers ?

Pourquoi cette confusion au sein des communications du ministère ?

Quant à savoir ce qui s'est réellement passé, tout n'est que spéculation.

Notons avant tout qu'il s'agit d'un changement d'approche comparativement aux années précédentes. Avant, dès que l'annonce était faite, la liste était disponible facilement auprès du gouvernement du Québec, ce qui permettait de comparer les différents projets un peu partout dans la province d'un rapide coup d'oeil.

Au compte-goutte
Mais cette année, l'information sortira visiblement au compte-goutte. Heureusement, le ministère a déjà commencé à détailler lui-même ses annonces régionales. Ainsi, le 9 octobre, on « apprenait » le détail des investissements au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette annonce a toutefois été nettement éclipsée par celle, faite le même jour, de 30 millions de dollars pour le monastère des Augustines à Québec. Déjà un problème de synchronisme médiatique...

Il faut dire que ces annonces « coïncidaient » avec le colloque international Des couvents en héritage qui s'est tenu à Montréal et Québec du 7 au 11 octobre, un moment pour le moins stratégiquement bien choisi pour faire des annonces d'envergure.

Malheureusement, ces annonces laisseront effectivement une impression de déjà vu tout au long de l'année pour tout journaliste qui aura consulté la liste détaillée des projets sur le site du Conseil du patrimoine religieux du Québec.

Le pari du gouvernement
Il semble raisonnable de présumer que le choix de répartir les annonces liées au patrimoine religieux vise à augmenter la visibilité médiatique de l'impact des investissements de la part de Québec. En étant amenés à en parler plus souvent, les médias du Québec contribueront peut-être à développer un plus grand sentiment d'appartenance envers des lieux de culte qui servent de moins en moins... au culte.

Mais l'effet contraire pourrait également se produire.

Le cas Bétancourt
Lors de la rencontre plénière des évêques du Québec il y a quelques semaines, la conférence de presse était prévue le mercredi. Or, cela coïncidait avec la visite au Québec d'Ingrid Bétancourt, l'ex-otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie. Au moment même où se déroulait la conférence de presse des évêques, Ingrid Bétancourt recevait la médaille d'honneur de l'Assemblée nationale à Québec. Où étaient braquées les caméras à votre avis ?

Avec sa nouvelle approche, le ministère de la Culture risque de semer la confusion. En multipliant les annonces, une même question surgit inévitablement : les montants sont-ils compris dans le 23 millions $ du 6 octobre ? En plein le genre de question qu'un journaliste n'aime pas se poser plusieurs mois plus tard.

Les médias n'aiment pas la confusion. Plusieurs préféreront tout simplement se concentrer sur un autre sujet plutôt que de se prendre la tête sur des chiffres concernant le patrimoine. Dommage.

Cela fera-t-il en sorte que l'impact médiatique sera mitigé au cours de la prochaine année ? Nous aurons la réponse dans quelques mois...

lundi 5 octobre 2009

Le dalaï-lama à Montréal : lieux communs spirituels, lieux communs journalistiques

Le dalaï-lama a la cote auprès des médias québécois. De passage à Montréal samedi dernier, le chef spirituel des Tibétains a donné une conférence sur le thème de la compassion devant plus de 14 000 personnes au Centre Bell en après-midi. Mais avec les trop nombreux lieux communs spirituels et lieux communs journalistiques, Montréal ne retiendra sans doute que peu de choses du passage du Prix Nobel de la paix.

Le coeur du message du dalaï-lama a été livré à la fin de sa conférence. Parlant de la compassion, ce dernier l'a présentée comme une nécessité pour le monde moderne. Selon lui, cette nécessité doit occulter les différences. Le leader bouddhiste a ainsi classé la société en trois catégories. Dans la première catégorie, il place les croyants attachés à une religion théiste. Dans la seconde se retrouvent ceux attachés à une religion non théiste. Enfin, les gens sans religion constituent la troisième catégorie. Le défi, selon le dalaï-lama, consiste à transmettre le message que la compassion est valable pour tous et qu'elle transcende ces catégories.

Voilà une couverture superficielle de ce qu'il a dit... mais c'est déjà plus que ce qui a pu paraître dans les grands quotidiens québécois. C'est tout juste si les articles ne sont pas écrits avant son passage. Peu importe ce qu'il dit, les articles reprennent quelques idées générales. Par exemple, on revient sur sa personnalité sympathique, sur les relations avec la Chine et sur sa fameuse phrase selon laquelle « toutes les religions sont bonnes ».

Or, samedi après-midi, au Centre Bell, c'était loin d'être l'accueil de « vedette rock », comme l'ont écrit certains médias. Après l'émotion palpable qui a suivi son entrée en scène, l'ambiance est redevenue plutôt moribonde.

Problèmes techniques
Le dalaï-lama a choisi de l'exprimer en anglais, une langue qu'il ne maîtrise pas. Et malheureusement pour lui, la calibration sonore n'était pas au point. Résultat : son propos se perdait dans le gigantesque espace du Centre Bell. Et ça, c'est quand son micro fonctionnait. Les francophones ont cru un instant que les propos du sage seraient clarifiés par le moine français Matthieu Ricard, mais peine perdu : ce dernier parlait trop rapidement et articulait trop peu pour être facilement compréhensible.

Lieux communs spirituels
« Je suis un être humain parmi six milliards d'êtres humains », « Connais-toi toi-même et ouvre ton coeur aux autres » : répliques d'un dessin animé du samedi matin ou réflexions du dalaï-lama. La réponse étonne. Et déçoit.

Certes, il n'était pas là pour s'adresser à des initiés. Il a d'ailleurs invité la foule à ne pas avoir trop d'attentes envers lui. Malgré tout, la déception était visible chez plusieurs personnes à la fin de la séance. Car malgré la beauté et la véracité d'un message centré sur l'amour, l'accueil et la compassion, on s'attendait quand même à plus de la part d'un homme de la trempe du dalaï-lama. Alain Crevier, l'animateur de Second Regard à la SRC, offre également une réflexion du même genre...

Lieux communs journalistiques
Cela n'a pas empêché plusieurs journalistes de sombrer dans les sempiternels clichés entourant la couverture médiatique du dalaï-lama. « Alors que les églises au Québec ferment les unes après les autres, le dalaï-lama, lui, remplit le Centre Bell », peut-on lire sur canoe.ca.

D'autre part, on se demande si le journaliste de Rue Frontenac est resté jusqu'à la fin de la conférence. En tout cas, on aura compris qu'il a aimé la conférence de presse précédant l'événement.

Au journal La Presse, l'article était avant tout axé sur la question des relations avec la Chine. D'ailleurs, rares sont les journalistes qui ne réduisent pas une visite du dalaï-lama à cet élément.

Quant au Devoir, on a fait fort : une simple photo accompagnée d'un court texte qui trouve tout de même le moyen d'offrir le concentré des clichés évoqués plus haut. Il a toutefois le mérite d'être clair et de s'en tenir aux faits.

Finalement, c'est l'article de The Gazette qui se démarque du lot pour sa qualité. Et aussi parce que le journaliste, en faisant allusion à des moments qui sont survenus tardivement dans la conférence, démontre qu'il a réellement assisté à l'événement et pas seulement à la conférence de presse.

mercredi 30 septembre 2009

L'ex-évêque d'Antigonish accusé de possession de porno juvénile

Mgr Raymond J. Lahey, l'évêque démissionnaire d'Antigonish, est accusé de possession de pornographie juvénile. Il a été interpellé à l'aéroport d'Ottawa le 15 septembre dernier lorsque des agents des Services frontaliers ont trouvé de la pornographie juvénile dans son ordinateur portable lors d'une fouille aléatoire. Mgr Lahey rentrait alors d'un voyage aux États-Unis. Les agents l'ont laissé partir, sans porter d'accusations.

Mais vendredi dernier, le 25 septembre, un mandat d'arrêt pancanadien a été émis à son endroit pour possession et importation de pornographie juvénile. La police d'Ottawa a indiqué que les agents des Services frontaliers poursuivent leur enquête, sans toutefois donner plus de détails sur le contenu de son ordinateur.

Le lendemain, Mgr Lahey démissionnait.

Plus de détails suivront

De la pitié à la haine
Qu'il soit reconnu coupable ou non importe peu sur l'effet médiatique de cette annonce. Quelques heures à peine après la parution de la nouvelle aujourd'hui, les internautes se déchaînaient, tant chez les francophones que les anglophones.

Sur le site du National Post, une femme rappelle que ce sont surtout des prêtres qui ont été pris dans de telles histoires jusqu'à présent. « Sera-t-il le premier parmi plusieurs évêques ? », questionne-t-elle.

Du côté de radio-canada.ca, une dame n'hésite pas à dire sa gêne d'être catholique, tandis qu'un homme de Gatineau affirme « que le niveau de confiance va encore baisser envers le clergé ».

Entre les propos et incendiaires et les accusations, un petit malin se demandait si l'évêque aura droit à une pétition en sa faveur, comme le cinéaste Roman Polanski, accusé d'avoir violé une fillette de 13 ans il y a plusieurs années.

Au moment de sa démission en fin de semaine, les catholiques éprouvaient de la pitié envers cet homme dont le travail épiscopal à Antigonish a été marqué par la sombre histoire d'abus sexuels commis dans ce diocèse au cours des dernières décennies. Après avoir supervisé le règlement du recours collectif de 13 millions $ pour les victimes, et après avoir présenté des excuses officielles au mois d'août, il partait la tête haute.

Son départ semblait clore cette sordide histoire une fois pour toutes.

Mais à peine quelques jours après la démission de Mgr Raymond J. Lahey, voilà que les plaies d'un diocèse meurtri et honteux s'ouvrent à nouveau, effaçant du même coup les récentes années de repentance.

lundi 28 septembre 2009

Après les abus sexuels, Antigonish est secoué par la démission de son évêque

Quelques semaines à peine après l'approbation du règlement du recours collectif de 13 millions $ selon lequel le diocèse catholique d’Antigonish doit dédommager des victimes d’abus sexuels commis entre 1950 et 2009, voilà que l’évêque démissionne.

Dans une lettre adressée aux catholiques de son diocèse en fin de semaine, Mgr Raymond J. Lahey a affirmé démissionner pour des « raisons personnelles ». « Je suis conscient que ma démission survient à un moment où le diocèse doit faire face à plusieurs défis », a-t-il indiqué, sans faire explicitement référence à la sordide histoire d’abus sexuels qui a ébranlé ce diocèse néo-écossais au cours des dernières années.

À la fin de sa lettre, Mgr Lahey, visiblement ébranlé, explique qu’il a déjà quitté le diocèse pour prendre le temps de se ressourcer spirituellement.

Au cours des années passées à Antigonish, il a eu la lourde tâche de porter le poids des fautes commises par certains prêtres de son diocèse. Il a présenté des excuses officielles l'été dernier, dans le cadre d'une conférence de presse organisée au début du mois d'août.

Mgr Lahey était évêque d’Antigonish depuis 2003. Entre 1986 et 2003, il était évêque du diocèse de Saint-George’s, dans la province de Terre-Neuve, d’où il est originaire. À 69 ans, il était encore à six ans de l’âge de la retraite canonique pour un évêque.

Mgr Mancini à la rescousse
Le pape Benoît XVI a donc procédé samedi à la nomination de Mgr Anthony Mancini comme administrateur apostolique du diocèse d’Antigonish. Mgr Mancini continue toutefois d’assumer ses responsabilités actuelles comme archevêque de Halifax et administrateur apostolique de Yarmouth.

Comme administrateur apostolique d’Antigonish, Mgr Mancini aura tous les pouvoirs d'un évêque résidentiel pendant la vacance du siège épiscopal.

En tant que membre de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), Mgr Mancini a fait partie de Commissions épiscopales pour la liturgie et pour l’éducation chrétienne (Secteur anglais). Il est actuellement membre du Comité permanent pour les communications.

Mgr Mancini est né en Italie en 1945. Il a été ordonné prêtre à Montréal en 1970. En 1999, il est devenu évêque auxiliaire dans la métropole québécoise. Il est archevêque d’Halifax depuis 2007.

Mgr Mancini a nommé son porte-parole hier, en la personne du père Paul Abbass. Ce dernier a immédiatement remercié le pape pour la rapidité de la transition, rappelant les nombreux défis du diocèse. Il a fait directement référence au règlement de 13 millions $ pour promettre aux victimes qu'elles ne seront pas affectées par le départ de Mgr Lahey.

Une première au Canada
Rappelons que la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse a approuvé le 10 septembre dernier ce règlement de 13 millions $ conclu entre le diocèse d’Antigonish et des victimes d’agressions sexuelles. Les faits reprochés remontent jusqu’aux années 50.

C’était la première fois au Canada qu’une affaire concernant des agressions sexuelles de la part de membres du clergé se règlait à l’extérieur des tribunaux.

La Cour suprême a déterminé que l’entente est juste et équitable pour les gens impliqués. Jusqu’à 70 victimes pourraient bénéficier de cette entente pour des agressions commises par différents prêtres.

Le diocèse d’Antigonish devra vendre plusieurs propriétés pour trouver l’argent nécessaire pour payer ces dédommagements.

jeudi 24 septembre 2009

Crayon et goupillon à la télévision

L'émission Zoom diffusée à Télévision Sel et Lumière (Salt + Light) faisait mention de Crayon et goupillon le 21 septembre dernier. Il était question de la note parlant de la plénière de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec.

Cliquez sur ce lien et choisissez la date en question pour voir l'émission.

En passant, l'animateur de cette édition, Jasmin Lemieux-Lefebvre, qui agit à titre de Responsable de la programmation de langue française pour Télévision Sel et Lumière, travaillera temporairement en tant que responsable des communications au diocèse de Québec. Il remplacera Isabelle Théberge pendant son congé de maternité de 15 mois. M. Lemieux-Lefebvre entrera en fonction le 26 octobre.

mardi 22 septembre 2009

Rumeur réfutée : le Montmartre canadien n’est pas à vendre

Le Montmartre canadien n’est pas à vendre et ne devrait pas l’être dans un avenir proche. Le supérieur provincial des assomptionnistes a mis fin aujourd’hui aux récentes rumeurs voulant que la congrégation des Augustins de l’Assomption s'apprête à se départir de ce sanctuaire dédié au Sacré-Cœur.

Le père Marcel Poirier, supérieur provincial et local, est catégorique : « Nous avons notre projet apostolique et nous avons l'intention de le continuer ». Les assomptionnistes poursuivront donc leur travail à Sillery. Les cours et les sessions de formation offerts au Montmartre continuent d'ailleurs cet automne. Et depuis plusieurs années, le sanctuaire est également hôte du Festival de la Bible, dont la prochaine édition aura lieu au mois d'août 2010.

Aux sources de la rumeur
La convergence de plusieurs éléments a pu servir à alimenter une telle rumeur. Premièrement, la communauté a bel et bien reçu des offres. « Elles n'étaient pas suffisamment généreuses pour nous pousser à vendre », a toutefois révélé le père Poirier.

Deuxièmement, le Montmartre canadien comporte plusieurs bâtiments : la chapelle du Sacré-Cœur, le Centre Culture et Foi, la communauté des aînés et la communauté internationale de formation. Le vaste terrain, situé à Sillery, surplombe le fleuve Saint-Laurent et représente un réel attrait pour les gens d'affaires de Québec. À ce propos, le père Poirier a laissé entendre que certains promoteurs ont évoqué, sans succès, la possibilité d'acheter une parcelle du terrain.

Enfin, le supérieur provincial lui-même refuse de faire des promesses à long terme. « Pour l'instant, il n'est pas question de vendre. Mais dans 15 ans, nous ne savons pas encore quelle sera la situation », a-t-il confié.

La congrégation des Augustins de l’Assomption est née en France en 1850. Elle est aujourd'hui présente sur les cinq continents. Le Montmartre canadien, ou Sanctuaire du Sacré-Coeur, a été fondé en 1925, au moment de l'arrivée des assomptionnistes au Québec.

jeudi 17 septembre 2009

Le cours ECR au menu de la plénière des évêques du Québec

L’épineux cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) sera au menu de la rencontre plénière de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) qui se tiendra du 21 au 24 septembre à la Maison de la Madone, au Cap-de-la-Madeleine à Trois-Rivières.

Il s’agit de l’une des deux rencontres plénières annuelles de l’épiscopat québécois. Cette rencontre automnale est habituellement le moment où les différents comités de l’AECQ remettent leurs rapports.

Mais cette année, c’est avant tout le cours d’éthique et de culture religieuse qui pourrait retenir l’attention. Rien n’est encore déterminé, mais selon le service des communications de l’AECQ, tout porte à croire que les évêques en parleront lors de la conférence de presse prévue le 23 septembre.

L'envers de la médaille
Échaudés il y a un an par le dur traitement réservé dans les médias au cardinal Jean-Claude Turcotte suite à la décision de remettre sa médaille de l’Ordre du Canada pour contester l’attribution de cet honneur du docteur Henry Morgentaler, les évêques du Québec réalisent sans doute le sort qui les attend s’ils s’aventurent trop loin sur le cours ECR lors de leur conférence de presse cet automne.

Rappelons que la position des évêques québécois laisse sceptiques plusieurs parents qui s’opposent désormais de longue date à l’obligation de suivre ce cours. Et après le revers juridique des parents au procès de Drummondville au début du mois de septembre, la tension a remontée d’un cran.

Une position délicate
L’AECQ n’a jamais condamné le cours ECR. En mars 2008, elle promettait, non pas d’adopter, mais de « maintenir » une attitude « critique et vigilante » dans ce dossier. Essentiellement, l’épiscopat québécois voulait accorder au gouvernement le temps de prouver les bienfaits de ce programme.

En avril 2009, en réponse aux Chevaliers de Colomb du Québec qui venaient de prendre position contre le caractère obligatoire du cours ECR, Mgr Martin Veillette, président de l’AECQ, leur répondait dans une lettre (28 avril 2009) que « les objectifs du cours d'Éthique et de culture religieuse méritent d'être considérés à leur juste valeur. En eux-mêmes ils ne justifient pas, à nos yeux, qu'on demande l'exemption du cours pour des enfants ».

Mais contrairement à la question de l’avortement avec le docteur Henry Morgentaler, la plus grande opposition pourrait venir des catholiques eux-mêmes. Plusieurs catholiques québécois jugent en effet que l’AECQ manque de leadership, voire qu’elle peine à mettre en application la volonté de Rome en ce qui concerne l'éducation religieuse à l'école. En revanche, d'autres approuvent cette décision épiscopale car selon eux l'enjeu réel réside beaucoup plus dans la capacité de l'Église du Québec à organiser efficacement ses réseaux de formation catéchétique pour les croyants de tous les âges.

L'enjeu
La position est délicate pour les évêques. Pour l'instant, le temps joue en leur faveur. S'ils réussissent effectivement à consolider au fil des années à venir des parcours de formation catéchétique plus efficaces et à resserrer les liens entre les communautés de croyants, ils auront réussi à tirer profit des changements provoqués par l'arrivée du nouveau cours d'éthique et de culture religieuse. Mais s'ils échouent et, pis, si les craintes des parents opposés au cours ECR en viennent à être partagées par une écrasante majorité de catholiques dans la province, l'échec prendrait des décennies à corriger, un luxe que l'Église n'a visiblement pas en ce moment.

Il sera donc intéressant d'observer quelle importance prendra le cours ECR la semaine prochaine parmi les autres sujets qui seront également abordés, dont la catéchèse. La question du vocabulaire employé risque d'être intéressante à analyser pour déterminer si la position de l'AECQ évolue ou non au sujet du cours ECR.

mercredi 9 septembre 2009

L'héritage de la visite de Jean-Paul II au Canada

Le 9 septembre 1984, le pape Jean-Paul II débarquait à Québec et débutait son voyage apostolique de 12 jours au Canada. De Sainte-Anne-de-Beaupré à Montréal, des milliers de catholiques ont suivi à la trace le périple du pape polonais dans la partie québécoise de sa visite, en faisant ainsi la visite d'un chef d'État la plus suivie dans l'histoire du pays. Vingt-cinq ans plus tard, face aux défis de décroissance de l'Église catholique au Québec, une question se pose : que reste-t-il de son passage, de ses discours et de la ferveur des foules ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est que peu de médias s'intéressent à cette affaire. Les grands médias, dont ceux financés par les deniers publics, effleurent à peine le sujet, alimentant d'autant plus la question de l'héritage du passage de Jean-Paul II.

Mais cette peur de voir son séjour sombrer dans l'oubli n'est pas récente. Dès le lendemain de son départ, plusieurs prêtres ont eu l'impression que tout redevenait « normal », comme s'il n'était jamais venu. Un curé montréalais me faisait remarquer aujourd'hui, brandissant le recueil des interventions publiques de Jean-Paul II au Canada en 1984, que le clergé québécois n'a jamais pris la peine d'analyser en profondeur le contenu de ces textes avec un peu de recul.

Précurseur
Or justement, à la lecture des discours du pape au Québec, il est étonnant de voir à quel point il a touché tous les éléments clés qui allaient alimenter les débats sociaux au Québec dans les années à venir : famille, individualisme, matérialisme, abandon de la foi, relations entre foi et raison, et entre religion et État. Dans son homélie à l'Université Laval, il disait ceci :

« La culture - et de même l’éducation qui est la tâche première et essentielle de la culture - est la recherche fondamentale du beau, du vrai, du bien qui exprime au mieux l’homme, comme “le sujet porteur de la transcendance de la personne”, qui l’aide à devenir ce qu’il doit “être” et pas seulement à se prévaloir de ce qu’il “a” ou de ce qu’il “possède”. Votre culture est non seulement le reflet de ce que vous êtes, mais le creuset de ce que vous deviendrez. Vous développerez donc votre culture d’une façon vivante et dynamique dans l’espérance, sans peur des questions difficiles ou des défis nouveaux; sans pour autant vous laisser abuser par l’éclat de la nouveauté, et sans laisser s’installer un vide, une discontinuité entre le passé et l’avenir; autrement dit, avec discernement et prudence, et avec le courage de la liberté critique à l’égard de ce qu’on pourrait appeler “l’industrie culturelle”; surtout avec le plus grand souci de la vérité. »

À Sainte-Anne-de-Beaupré, il a souligné à quel point les Amérindiens comptent parmi les plus pauvres de la société. Il n'a pas tu les relations difficiles entre les Blancs et les peuples des Premières Nations.

Au stade olympique, il a exhorté les jeunes à prendre garde aux paradis artificiels. Ses références aux problèmes économiques sont encore d'actualité aujourd'hui. Après tout, le stade olympique, ce n'était pas seulement Céline Dion...

À bien des égards, Jean-Paul II avait su déterminer les grandes questions qui allaient se poser au Québec.

La question autochtone
La question autochtone est, en rétrospective, l'un des plus grands accomplissements de Jean-Paul II au Canada. N'ayant pu se rendre rencontrer certains peuples des Premières Nations dans le Nord en 1984, il a insisté pour revenir le faire quelques années plus tard après un voyage aux États-Unis. D'ailleurs, il ne fallait pas oublier ce voyage en lui parlant du Canada ! Il se faisait un point d'honneur de le rappeler à son interlocuteur. Idem pour son entourage : dans le cadre d'une entrevue que je faisais avec le cardinal Stanislaw Dziwisz, qui fut le secrétaire personnel de Jean-Paul II pendant 40 ans, je lui demandais ce qui l'avait le plus frappé lors de la visite du pape. Sa réponse ? « - Laquelle au juste ? »

Anecdote à part, il faut savoir que le pape polonais insistait fortement sur la notion d'autodétermination des peuples autochtones. Il était devenu presque ironique, au milieu des années 80, de voir que certains des messages d'espoir les plus sentis venaient de la plus haute autorité de l'Église catholique, l'Église même dont trop de diocèses et de communautés religieuses avaient administré de façon honteuse les « pensionnats autochtones » pendant des années.

L'héritage de cette insistance de Jean-Paul II envers le respect des autochtones au Canada a culminé cette année alors que Phil Fontaine, alors Chef national de l'Assemblée des Premières Nations (APN) s'est rendu à Rome avec Mgr James Weisgerber, le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC). Ensemble, ils ont rencontré le pape Benoît XVI. Cela est venu marquer un point tournant dans la « normalisation » des bonnes relations entre l'APN et la CECC. Regrettant le passé, chacun s'est engagé à regarder conjointement vers l'avant.

Un travail de compréhension à faire
Quelle importance accorder à ce voyage papal ? Vingt-cinq ans plus tard, la question se pose comme au lendemain du départ du pape.

Les sujets d'actualité ont tendance à paraître importants lorsque tout le monde en parle pendant des années. Or, qui a parlé du voyage du pape au Québec ? À part des collections d'anecdotes personnelles et des plaques sur des bâtiments, qu'est-ce que l'Église du Québec a trouvé à dire à ce sujet depuis 1984 ?

Autrement dit, faut-il vraiment s'étonner que les médias n'en parlent pas ?

jeudi 3 septembre 2009

ECR : le jugement de Drummondville et la déchirure catholique

Le récent jugement défavorable aux parents dans le procès de Drummondville au sujet du caractère obligatoire du cours d'éthique et de culture religieuse fait mal. En plus de la défaite et du fait que le juge Jean-Guy Dubois n'estime pas que ce cours cause un préjudice grave aux parents, une douloureuse réalité accompagne le jugement rendu en Cour supérieure : le différent, loin d'opposer exclusivement l'État aux parents, est caractéristique d'une déchirure interne dans le catholicisme québécois.

Des positions pour et contre le cours d'éthique et de culture religieuse (ECR) se retrouvent au sein du catholicisme québécois. Des positions respectives qui suscitent de grandes suspicions et qui alimentent une crise de légitimité des autorités catholiques, créant de ce fait même, avec une particularité toute québécoise, une situation semblable à celles qui s'observent ailleurs dans le monde sur la question de l'intégrisme.

Évêques et théologien
Plusieurs parents n'ont toujours pas digéré la décision de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) de donner son aval au nouveau cours. À leurs yeux, il s'agit d'un acte de haute trahison. Plusieurs ne cachent pas leur dégoût d'un épiscopat québécois qu'ils considèrent comme faible, mou et déphasée de Rome.

En soi, la situation est ironique : en partant du principe qu'un bon catholique doit reconnaître la canonicité des positions romaines, on s'en prend à l'épiscopat, la quintessence de la représentation hiérarchique dans l'Église. Une manière de court-circuiter l'AECQ et de nier en quelque sorte la légitimité de l'épiscopat québécois et de sa prise de parole.

Ensuite, il est remarquable de voir avec quelle hargne le professeur Gilles Routhier, un prêtre théologien qui enseigne à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, a été pris à partie suite à son intervention en tant que témoin expert lors du procès de Drummondville. Le professeur Routhier est longuement cité dans le jugement de Jean-Guy Dubois, qui a vu en lui un expert neutre qui « fait une présentation globale des enseignements de l'Église catholique et de la position de ses dirigeants démontrant que l'enseignement des autres religions ne brime pas la liberté de conscience de qui que ce soit ».

Tant pour les évêques que pour le professeur Routhier, leurs propos qui vont à l'encontre de ce que plusieurs parents opposés au cours aimeraient entendre provoquent un rejet en bloc de ces positions, un rejet qui va même, dans le cas du professeur Routhier, à une remise en cause de son appartenance catholique (!).

Crise au sein du catholicisme québécois
Les divisions que provoquent le cours d'éthique et de culture religieuse exacerbent davantage chez plusieurs parents catholiques le sentiment d'être ostracisés dans la société québécoise. La frustration qui en découle s'est cristallisée, suite à la décision du juge Dubois, autour de la question de la « catholicité » du jugement. La Coalition pour la liberté en éducation, principalement constituée de parents catholiques, a immédiatement jugé que « ce jugement est basé sur une interprétation de la religion catholique alors que nous réclamons le respect des droits de tous les citoyens, croyants comme athées ».

Cette déclaration de la CLE rappelle le discours, habile, qu'elle tient depuis le début de sa contestation. Elle sait en effet que d'avoir joué la carte catholique lui aurait probablement nui davantage qu'aidé auprès d'un vaste public. D'où le sentiment encore plus fort de frustration face à un jugement défavorable justifié par... des instances catholiques. La stratégie n'a pas fonctionné.

Entre un catholicisme qui n'existe plus et un catholicisme à venir encore en définition, l'enfantement est douloureux.

Le reflet de la planète catho
Face à ces questions, plusieurs Québécois ne comprennent pas leur Église. Il y a, d'une part, ceux qui disqualifient l'AECQ et tout point de vue catholique favorable au nouveau cours et qui provoquent une crise de légitimité de la prise de parole publique de l'épiscopat québécois, et, d'autre part, ceux qui disqualifient l'Église catholique dans son ensemble en jugeant sa vision du monde trop rétrograde.

Bref, au Québec par les temps qui courent, l'Église est à la fois trop molle et trop sévère.

Mais une telle situation n'est que le reflet d'une réalité plus vaste qui englobe depuis plusieurs mois déjà l'ensemble du catholicisme mondial. Elle s'inscrit dans le débat provoqué par la levée des excommunications de certains évêques de la Fraternité Saint-Pie-X par Rome au tournant de l'année. La vitalité de plusieurs groupes qualifiés d'intégristes étonne au fur et à mesure qu'ils osent élever la voix, tant en Amérique qu'en Europe. La planète catho prend conscience que l'héritage du Concile Vatican II est loin d'être une chose acquise, et que cet héritage est également soumis à une panoplie de lectures... dont celle de disqualifier, à tort ou à raison, la prise de parole d'instances catholiques bien en vue, au nom, ironiquement, du catholicisme.

mardi 1 septembre 2009

Cours ECR : amer revers des parents à Drummondville

Amer revers pour les parents qui s'opposent au caractère obligatoire du cours d'éthique et de culture religieuse qui entre cet automne dans sa deuxième année : la Cour supérieure du Québec, en la personne du juge Jean-Guy Dubois, a donné raison à la commission scolaire Des Chênes, au Centre-du-Québec, contre les parents dans un procès hautement médiatisé.

La décision a été rendue lundi. La requête des deux parents qui avaient porté plainte contre leur commission scolaire a été rejetée par le juge. Les parents songent à aller en appel.

Dans le jugement dit de Drummondville, « le tribunal ne voit pas comment le cours d'éthique et de culture religieuse brime la liberté de conscience et de religion des demandeurs pour les enfants, alors que l'on fait une présentation globale de diverses religions sans obliger les enfants à y adhérer ».

La présidente de la Coalition pour la liberté en éducation (CLE), Marie-Josée Croteau, estime que « ce jugement est basé sur une interprétation de la religion catholique alors [que la CLE réclame] le respect des droits de tous les citoyens, croyants comme athées ».

Deux autres jugements sont attendus suite à celui de Drummondville. Il s'agit d'abord de celui des élèves de Granby qui ont subi des sanctions pour ne pas assister au cours d'éthique et de culture religieuse. Ensuite, celui mettant en cause l'école privée Loyola High School de Montréal, qui demande le libre choix du contenu pédagogique. L'issue pourrait ne pas être la même puisque la décision devrait porter sur d'autres critères que ceux des droits et libertés qui étaient au coeur de l'argumentaire de Drummondville.

mardi 11 août 2009

Actualité religieuse : les promesses de septembre

En termes d'actualité religieuse au Québec, le mois de septembre est rempli de promesses. Il sera intéressant de voir comment les événements à venir seront, d'une part, utilisés au sein de l'Église catholique et, d'autre part, couverts par les médias.

Le tout débute en lion avec le retour à l'école, qui sera sans doute accompagné du retour du débat portant sur le cours d'éthique et de culture religieuse. Les résultats des procès de Drummondville et de Montréal sont attendus avec impatience et la grogne des parents continue.

1984
Ensuite, le mois de septembre marquera le 25e anniversaire de la longue visite du pape Jean-Paul II au Canada (1984). Jusqu'à maintenant, les diocèses du Québec brillent par l'absence d'activité commémorative de grande ampleur. J'ai reçu des messages de certains catholiques qui s'inquiètent du manque d'activités officielles entourant cet anniversaire. D'ailleurs, de telles commémorations pourraient être l'occasion de rappeler toutes les avancées dans le dialogue entre l'Église catholique et les peuples des Premières nations du Canada au cours de la dernière année, dialogue qui est justement très redevable à Jean-Paul II.

Pour une deuxième année, ce sera le retour du Dimanche de la catéchèse organisé par l'Office de catéchèse du Québec. L'an dernier, le porte-parole était Emmett Johns, le « père Pops », qui avait livré un témoignage émouvant à l'occasion d'une conférence de presse où les journalistes brillaient par leur absence, visiblement peu intéressés par cette initiative. Cette année, le principal porte-parole est Mgr Maurice Couture, archevêque émérite du diocèse de Québec. Il aura la lourde tâche d'expliquer en quoi consiste au juste le Dimanche de la catéchèse, ce que l'Église catholique a eu des difficultés à faire l'an dernier à l'extérieur de cercles catéchétiques très restreints. La trousse est déjà disponible depuis un bon moment à cette adresse.

La théologie québécoise en crise
C'est également le retour en classe pour les universitaires, et ça sent le roussi pour les différentes facultés de théologie dans la province. C'est sans surprise que le doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, l'abbé Marc Pelchat, m'indiquait la semaine dernière que la faculté cherche à couper dans ses dépenses. Malgré tout, elle conserve une place relativement enviable au Québec en ce qui concerne l'enseignement de la théologie catholique.

Du côté de l'Université de Sherbrooke, la Faculté de théologie vient d'être amputée en juin dernier des études en philosophie, qui relèvent maintenant de la Faculté des lettres et des sciences humaines. On a également changé le nom pour Faculté de théologie au lieu de Faculté de théologie, d'éthique et de philosophie. De plus, rappelons qu'en date de septembre 2008, la faculté comptait moins de 250 étudiants sur les près de 17 500 inscrits à l'Université de Sherbrooke, ce qui correspond à environ 1% des étudiants...

Quant à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Montréal, la nomination de Jean-Claude Breton au poste de doyen en remplacement de Jean Duhaime au mois de juin soulève des questions sur la vision d'avenir de la faculté. Car si les compétences du frère dominicain ne sont plus à démontrer, son âge avancé en a étonné plus d'un au moment de sa nomination.

Bref, septembre est rempli de promesses. Reste maintenant à voir qui devra s'en porter garant.

lundi 10 août 2009

La réorganisation du livre religieux au Québec

Avec la vente des Éditions Anne Sigier à Médiaspaul au mois de juillet et l'acquisition de Novalis par le français Bayard en 2008, le monde du livre religieux au Québec vit de profonds changements qui s'illustrent avant tout par une concentration du livre religieux entre les mains de grands éditeurs européens.

Il n'y a pas si longtemps, plusieurs maisons d'édition se partageaient le gâteau. Novalis, avec son Prions en Église, régnait dans la région d'Ottawa, mais son rayonnement atteignait l'ensemble des milieux francophones du Canada. À Montréal, Fides et Médiaspaul étaient bien implantés. Dans la région de Québec, madame Anne Sigier venait diversifier l'offre.

Mais désormais, la situation a bien changé : Novalis appartient au géant français Bayard, Médiaspaul consolide sa présence sur le marché québécois (Montréal, Sherbrooke) en achetant les Éditions Anne Sigier et Fides délaisse de plus en plus le livre religieux. Même avec la présence des deux Librairies Paulines au Québec (Montréal et Trois-Rivières), le Canada francophone semble s'acheminer vers un marché partagé entre les européens Bayard et Médiaspaul.

Cette réorganisation soulève quelques questions, mais n'émeut pas les milieux religieux à outrance. Tant avec l'achat de Novalis que celui des Éditions Anne Sigier, les acheteurs ont promis une transition douce et progressive. Ainsi, le lecteur ne doit sans doute pas s'attendre à de grands changements au cours des prochains mois. Mais tout de même, on ne sait jamais : la crise économique n'épargne pas le milieu du livre religieux.

Médiaspaul a déjà indiqué son intention de revamper considérablement la librairie Anne Sigier à Québec. Dernièrement, les rayons étaient moins garnis, une situation à laquelle Médiaspaul entend bien remédier. Le nom de la librairie pourrait également changer au cours des prochains mois. Pour l'instant, elle conserve le nom de Mme Sigier. Il faut dire que la fondatrice continue encore son travail pour faciliter la transition pendant quelques mois.

Quant à la place faite aux auteurs d'ici, seul le temps le dira. Car le rachat d'une maison d'édition par une plus grande n'inquiète pas en raison de la taille de cette dernière, mais plutôt par les choix d'entreprise qui s'imposent et par le processus d'acception des manuscrits. Autrement dit, une maison d'édition de plus petite taille a habituellement tendance à se concentrer sur des auteurs locaux. Présentement, Bayard et Médiaspaul semblent avoir une bonne connaissance du Québec et de ses auteurs. Pourra-t-on en dire autant d'ici quelques années ? Leur capacité à garder cette sensibilité et l'intérêt du marché pour le livre religieux risquent fort d'être les deux conditions sine qua non pour l'accessibilité à des livres religieux.

vendredi 31 juillet 2009

Quand la basilique est vide un 25 juillet (2)

La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré désertée la veille de la fête de sainte Anne : la situation semblait surréaliste pour des milliers de pèlerins venus assister à la messe et à la procession aux flambeaux. Il faut dire que l’église n’était pas vide par choix puisqu’une alerte à la bombe a complètement paralysé le déroulement des festivités entourant la fête de sainte Anne.

Samedi soir dernier, un peu après 17h, une valise apparemment abandonnée a été retrouvée dans la basilique. Située près des multiples bannières de procession dans le transept sud, il était impossible de retrouver son propriétaire malgré des appels à tous. Devant l’achalandage monstre, les forces de l’ordre ont opté pour la sûreté avant tout et ont décidé d’évacuer la basilique et d’ériger un périmètre de sécurité de 200 mètres autour du sanctuaire.

La consternation se lisait sur le visage des gens qui assistaient à l’arrivée du cortège des forces de l’ordre.

« Nous avons préféré ne pas courir de risque inutile, a précisé le père recteur Guy Pilote, d’autant plus que nous avions eu des menaces auparavant pour l’auberge. »

Dans la foule, tout le monde souhaitait qu’il ne s’agisse que d’une fausse alerte.

Sûreté du Québec, pompiers, artificiers et ambulanciers étaient présents. Après plusieurs heures, et après avoir effectué une radiographie de la valise, les forces de l’ordre ont pu confirmer qu’elle ne contenait aucun mécanisme explosif. Quel ne fut pas leur étonnement d’y trouver… un chapelet géant.

« La valise contenait un grand chapelet de procession. On n’a pas pensé que ça pouvait être ça », a confié le père Pilote qui ignorait que certaines personnes laissaient de tels objets en prévision de la procession.

La valise appartenait à l’organisatrice d’un pèlerinage. Auparavant, elle avait pris une entente avec les agents de sécurité pour laisser sa valise à cet endroit. Mais le personnel de la sécurité a changé et personne n’était au courant.

« La dame était extrêmement peinée. C’est vraiment une bonne dame. Elle a agi de bonne foi », de dire le père recteur.

Plusieurs personnes auraient aimé pouvoir assister à une messe malgré tout, même à l’extérieur de la basilique. Après tout, ce ne sont pas les chapelles qui manquent dans les environs. Mais les Rédemptoristes, après avoir réfléchi à la possibilité de déplacer la messe au Centre Sainte-Anne, ont choisi d’abandonner l’idée. Idem pour la traditionnelle soirée de prière dans la basilique, alors que celle-ci reste ouverte toute la nuit exceptionnellement le 25 juillet de chaque année.

***

- le thème de la neuvaine était « Réconcilions-nous »;

- selon les chiffres avancés par le sanctuaire, environ 100 000 personnes auraient fréquenté le sanctuaire à l'occasion de la neuvaine 2009;

- les prédications préparées par le professeur Gilles Routhier, le prêtre qui prêchait la neuvaine cette année, pourraient être publiées;

- le groupe du Ahearn Memorial Pilgrimage des États-Unis était présent pour une 86e année consécutive, mais le groupe continue de diminuer année après année;

***

Comment un journal sérieux de la trempe du Soleil de Québec peut-il laisser filer ce genre d'énormité qui regorge d'erreurs, dont :

- « Sainte-Anne fait salle comble » : ce n'est pas un spectacle. Si l'auteur voulait faire référence à la sainte et non au lieu, il aurait fallu écrire « Sainte Anne fait salle comble »;

- confusion dans l'ensemble du texte entre le nom d'un lieu, avec le trait d'union, et le nom d'une sainte, sans le trait d'union;

- utiliser le mot « hôtel » au lieu de « autel », et « couloir » au lieu de « déambulatoire » : un journalisme de qualité passe aussi par un vocabulaire précis;

- inconstance entre « basilique » et « Basilique »

***

En revanche, deux articles au sujet de la neuvaine se démarquent :

- Neuvaine de Sainte-Anne-de-Beaupré : pour la foi et la beauté des lieux (20 juillet 2009)

- La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré : un « secret d'ici » qui se démarque au Canada (25 juillet 2009)

mardi 28 juillet 2009

Quand la basilique est vide un 25 juillet (1)







Le 25 juillet dernier, alors que la fête de sainte Anne entrait dans son moment fort, c'est-à-dire vers la fin de l'après-midi, un colis suspect a été trouvé dans la basilique. La basilique a alors été évacuée et un périmètre de sécurité a été érigé. Le colis était sans danger, mais il a tout de même provoqué l'annulation de toutes les activités prévues en soirée.

Puisque l'affaire - qui a privé des milliers de personnes de participer à l'un des plus grands rassemblements de l'année au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré - a eu peu d'échos dans les médias, je vous propose d'abord quelques photos.

jeudi 16 juillet 2009

Texte pro-ECR du Prions en Église : peu d'impact sur les désabonnements

Le 7 juin dernier, le Prions en Église publiait un texte en faveur du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) nouvellement obligatoire au Québec. Malgré la vive réaction de plusieurs croyants agacés par cette initiative, cela n’a pas eu d’impact statistique sur les désabonnements.

Classé sous la rubrique Prier et réfléchir en Église, le texte de l’enseignant Yves Roy intitulé Éthique et culture religieuse, un tournant essentiel s’était attiré de cinglantes critiques.

Jean Renaud de la revue Égards (qui se présente comme une revue de la « résistance conservatrice ») s’en est pris aux responsables du Prions en Église : « Dans son édition du 7 juin dernier, le Prions en Église, qui a fait montre une nouvelle fois de son manque de jugement, a cru bon de se mettre au service de l’État en publiant un texte d’une rare médiocrité », a-t-il avancé. Il ajoute plus loin que « Jacques Lison, le directeur de Prions en Église, et son équipe ont suffisamment profité de la parole de Dieu et de la liturgie catholique pour leur travail de sape idéologique. » (« Prions en Église au service de l’État », Égards no. 23, 19 juin 2009).

Le blogue québécois Pour une école libre au Québec a également vilipendé le travail de l’équipe de Novalis en publiant une note intitulée Désinformer les paroissiens : parti-pris de Prions en Église. On y parle du texte du 7 juin comme d’une « profession de foi pro-ECR » et on propose une critique presque phrase par phrase du texte de Yves Roy.

Du côté de Prions en Église, on rétorque que de telles prises de positions n’ont pas eu d’impact statistique sur les abonnements. Le texte paru le 7 juin, au moment même où l’année scolaire tirait à sa fin et où des procès impliquant le cours ECR défrayaient la manchette à Drummondville et à Montréal, était planifié depuis la fin de l’été 2008. Le document a été envoyé à l’équipe du Prions en Église le 15 décembre dernier.

Aux yeux de Jacques Lison, directeur des revues religieuses, Novalis, et directeur du Prions en Église, la contestation vient d’un groupe restreint mais bruyant : « J’ai reçu environ cinq courriels. On a voulu nous prêter des intentions que nous n’avons pas », explique-t-il en rappelant que le rôle de Prions en Église n’est pas d’entrer dans des débats passionnés. « Nous nous mettons au service de la foi, des gens et de la liturgie d’ici », fait plutôt valoir Jacques Lison.

De l'aveu du directeur du Prions en Église, il est difficile de plaire à tous les catholiques avec le Prions en Église. Un texte trop mou ou goût de certains peut tout aussi bien être perçu comme étant trop dur au goût des autres, rendant l'exercice hautement délicat.

jeudi 9 juillet 2009

Controverse eucharistique autour du premier ministre canadien

Alors que le premier ministre du Canada se retrouve plongé dans une controverse religieuse au sujet de l’eucharistie, la question de la communion lors d’événements officiels impliquant des représentants du gouvernement demeure entière aux yeux de bien des médias.

La scène se passe le 3 juillet dernier, à l’occasion des funérailles selon le rite catholique de l’ancien gouverneur général du Canada Roméo Leblanc. Au moment de la communion, Mgr André Richard, archevêque de Moncton au Nouveau-Brunswick, s’approche des dignitaires dans la première rangée et leur offre la communion. Stephen Harper reçoit l'hostie d'une seule main. C'est à partir de ce moment que naît la controverse. Ou plutôt LES controverses.

Car la controverse est double, d’où sa complexité… et son caractère pédagogique.

Controverse : version 1.0
Une vidéo circulant largement sur le site de partage vidéo YouTube ne réussit pas à établir hors de tout doute que le premier ministre porte à sa bouche l’hostie qu’on lui offre. Certains observateurs supposent alors qu’il l’aurait mise dans sa poche, ce qui heurte la sensibilité de plusieurs catholiques au pays.

Controverse : version 2.0
D'autres observateurs prétendent plutôt qu'il aurait bel et bien consommé l'hostie. C'est d'ailleurs la version officielle du gouvernement et des gens qui étaient à proximité du premier ministre au moment de la communion. Or, Stephen Harper est protestant. Normalement, dans une église catholique, il n'aurait pas dû consommer l'hostie consacrée et s'inviter, malgré lui, dans un débat de nature œcuménique.



Les origines de la controverse
Pourquoi les médias n'en parlent-ils que maintenant alors que les funérailles ont eu lieu vendredi dernier, le 3 juillet ?

L'histoire a éclaté hier après que Mgr Brian Henneberry, prêtre du diocèse de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, eut demandé au bureau du premier ministre si ce dernier avait bel et bien communié. Selon la Presse canadienne, Mgr Henneberry, qui n'avait pas vu la cérémonie à la télévision, a exigé des explications après avoir reçu un appel d'une femme catholique offusquée du comportement du premier ministre.

La version de l'archevêque de Moncton
Selon Mgr André Richard, Stephen Harper a communié après avoir reçu l'hostie de ses mains. Il ne voit pas de problème à ce que le premier ministre protestant ait reçu la communion si cela était fait dans le respect du sacrement.

Droit canonique
« Stephen Harper n’est absolument pas en faute », affirme sans hésiter Mgr Jean Pelletier, chancelier du diocèse de Québec et spécialiste en droit canonique. Selon lui, c'est plutôt l'archevêque de Moncton qui, en allant vers les dignitaires au lieu de les laisser venir à lui, a malgré lui créé une situation embarrassante. Quant aux accusations contre Stephen Harper, Mgr Pelletier est d'avis « qu'on est allé un peu vite dans les insinuations ».

Protocole
Habituellement, lors de messes catholiques auxquelles participent des représentants du gouvernement, les clercs laissent les dignitaires s’avancer pour recevoir l’hostie consacrée. Cela leur laisse donc le choix de le faire ou non en toute discrétion. Le premier ministre canadien, un protestant, n’a pas eu le loisir de choisir le 3 juillet dernier.

À titre d'exemple, l'actuelle gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, bien que baptisée catholique, se dit ouvertement athée. Elle s'abstient donc de communier lors de messes catholiques, comme ce fut le cas par exemple à la messe de clôture du Congrès eucharistique international de Québec l'an dernier.

Le cas du gouverneur général du Canada soulève cependant des questions quant au symbole qu'il représente. Il est au Canada en tant que représentant civil de la royauté britannique. Or, ce rôle se limite à la sphère civile et politique. Ainsi, si Élizabeth II est également à la tête de l'Église anglicane, il n'en est pas de même au Canada puisque ce rôle appartient réellement au primat anglican du Canada, qui est élu par le Synode des évêques. C'est pourquoi les gouverneurs généraux du pays peuvent agir comme bon leur semble lors de cérémonies religieuses.

L'ancienne gouverneure générale, Adrienne Clarkson, était toutefois anglicane. Le clergé catholique s'est d'ailleurs permis de lui rappeler qu'elle ne devrait pas communier dans une messe catholique (ce qu'elle avait pris l'habitude de faire). Mme Clarkson a suivi le conseil et avait dès lors cessé cette pratique.

Dans le cas des funérailles de Roméo Leblanc, il aurait sans doute fallu mieux préparer le moment sensible de la communion. C'est normalement le rôle des conseillers du premier ministre de s'assurer que ce dernier évite de se mettre les pieds dans les plats. Mais avec les années qui passent et la difficulté croissantes à recruter des conseillers politiques ayant une large culture religieuse, les Canadiens peuvent s'attendre à être confrontés à ce genre de problème plus souvent qu'avant.

mercredi 8 juillet 2009

Université Saint-Paul : une première femme rectrice

Une nomination historique vient d'avoir lieu à l'Université Saint-Paul à Ottawa. Pour la première fois depuis la réorganisation de l'institution en 1965, une femme laïque devient rectrice.

Chantal Beauvais, 46 ans, prend ainsi la tête de l'université pontificale. Elle succède au père Dale Schlitt qui occupait ce poste depuis 15 ans. Jusqu'ici, tous les recteurs de l'Université Saint-Paul ont été des Oblats de Marie-Immaculée.

Le mandat de Chantal Beauvais est de six ans. Il entrera en vigueur le 24 août 2009. Selon Mme Beauvais, cette nomination marque une continuité malgré tout puisque les oblats ont toujours été proches des laïcs dans leur gestion de l'institution.

Chantal Beauvais est originaire de Rouyn-Noranda. Elle a obtenu une maîtrise et un doctorat en philosophie à l'Université d'Ottawa en approfondissant les rapports entre la foi et la raison chez la philosophe Édith Stein. Elle est professeur de philosophie à l'Université Saint-Paul depuis 2001.

L’Université Saint-Paul compte quatre facultés : Sciences humaines, Philosophie, Théologie et Droit canonique. Elle est complémentaire à l'Université d'Ottawa. À l'origine, il n'y avait qu'une seule université - celle d'Ottawa - qui a été fondée par les oblats en 1848.

mardi 30 juin 2009

D&P : les grandes questions posées par le scandale

Le rapport du comité d'enquête de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) sur les organisations non gouvernementales partenaires de l'organisme Développement et Paix (D&P) a été rendu public. Comme l'avait déjà annoncé le président de la CECC, Mgr James Weisgerber, l'organisme est lavé de tout soupçon en ce qui concerne les accusations que portait contre lui le site Internet lifesitenews.com.

Ce dernier affirmait que Développement et Paix, qui est étroitement lié à l'épiscopat canadien, finançait des organismes mexicains faisant la promotion de l'avortement. De telles allégations ont créé un véritable scandale dans plusieurs provinces anglophones. Lifesitenews voit ainsi son argumentaire réfuté par les enquêteurs de la CECC qui s'étaient rendus au Mexique en avril dernier devant l'ampleur du scandale.

Dans le rapport, la CECC affirme « que les allégations, les accusations et les dénonciations portées par les uns contre les autres n’apportent rien de positif dans notre Église et constituent un contre-témoignage de l’esprit évangélique qui doit animer les chrétiens. » Le message est clair, mais cela n'empêche pas non plus le rapport de tendre la main à lifesitenews et d'inviter le site à entrer en dialogue avec la CECC.

Entrevues
Dans le cadre de mon travail, j'ai pu réaliser deux entrevues en français au sujet du rapport. Vous pouvez pour l'instant les écouter en cliquant ici.

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Deux grandes questions à approfondir
Le scandale de D&P pose deux questions essentielles à l'ensemble de l'Église catholique au Canada. C'est d'ailleurs ce qui fait l'intérêt de cette histoire. Autrement, les médias auraient perdu leur temps à couvrir une querelle dont l'issue semblait évidente dès le retour au pays des enquêteurs de la CECC.

La première question concerne la confiance qu'accorde l'ensemble du clergé canadien à D&P. Dans les milieux catholiques, c'est bien connu : D&P a toujours eu à faire face à des réticences face à ses actions et à son mandat au sein même de l'Église catholique. Cet organisme fondé il y a plus de quarante ans a toujours eu à dos les catholiques plus conservateurs. N'empêche, on ne parle quand même pas d'une vive opposition. Donc, pourquoi les évêques ont-ils accordé autant d'attention à lifesitenews ? Doutaient-ils de leur propre organisme ? Ne sont-ils pas en train d'ouvrir la porte à toutes sortes d'allégations en provenance de n'importe quel groupe ?

Il faut rappeler que l'enquête est devenue une nécessité quand six diocèses, dont ceux de Toronto et de Vancouver, ont décidé de retenir l'argent des collectes de fonds destiné à D&P jusqu'à ce que les allégations soient clarifiées. L'organisme était ainsi privé d'un total de 2 millions $. Au sein du clergé, le doute est donc d'abord venu de certains évêques, surtout en Ontario.

La CECC et D&P assurent tous deux que le lien de confiance n'est pas brisé. Par contre, la confiance des catholiques canadiens envers l'organisme est belle et bien écorchée. Et cela n'est pas étranger à un phénomène en croissance depuis quelques années dans l'Église catholique au Canada : ceux qui sont « plus catholiques que le pape ». Autrement dit, les catholiques qui mènent des chasses aux sorcières, en s'appuyant sur les nouveaux moyens de communications et sur quelques riches donateurs. Au lieu de travailler à l'instauration d'un climat de confiance, on chercher plutôt à agir comme un chien de garde, s'en tenant à une forme stérile de rigorisme. Ce phénomène teinte d'abord la qualité des relations entre les catholiques du Canada.

Et cela fait le pont avec la deuxième question fondamentale que pose ce scandale.

Quel rapport l'Église entretient-elle au monde ? C'est l'un des grandes questions de Vatican II. Voici un exemple concret qui s'applique dans le cas de D&P : quand un projet vaut la peine d'être soutenu, doit-il être abandonné parce qu'un autre partenaire qui participe à ce même projet n'a pas la même vision de la morale sexuelle que l'Église ? Cette question est au coeur des rapports de l'Église catholique avec la modernité.

Comme le faisait remarquer l'éthicien Bernard Keating, l'Église catholique au Canada se comporte de plus en plus comme un lobby au lieu d'être l'acteur civique qu'elle a déjà été. Les enseignements sont caricaturés, transformés en slogan et concentrés sur quelques éléments clés de la morale catholique qui ont comme point commun le rejet d'une certaine forme de modernité. Cette tendance vers une Église-lobby, qui cherche à influencer la vie publique non pas en modifiant le monde de manière évangélique mais en se braquant sur ses positions et en les retenant comme seules vérités, inquiète tant dans les milieux catholiques que dans ceux qui y sont complètement étrangers. Plusieurs personnes ont l'impression de voir un déplacement idéologique du catholicisme vers une pratique plus conservatrice, ce qui soulève bien des questions dans une province comme le Québec.

Dès lors, à la lumière de ce phénomène, que dit le scandale de D&P du rapport entre l'Église catholique et la société canadienne ?

Les questions du rapport au monde et du climat de confiance et d'unité devraient logiquement être débattues au cours de la rencontre plénière de l'épiscopat canadien l'automne prochain. La remise du rapport n'est que la première étape. Les faits sont désormais relégués au passé, mais les questions demeurent. Il sera donc intéressant de voir comment ces questions seront traitées à travers l'Église au Canada d'ici la fin de l'année.

mardi 23 juin 2009

[Édito] Scandale de D&P : confusion et mauvais timing autour de la sortie du rapport

Revenant sur le scandale qui a ébranlé l'organisme catholique Développement et Paix cet hiver et sur l'enquête commandée par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), son président, Mgr James Weisgerber a déclaré « qu'il n'y a pas de fondement à ces allégations ». Le président de la CECC faisait ainsi référence aux articles publiés sur le site Internet pro-vie lifesitenews.com qui accusaient Développement et Paix (D&P) de soutenir financièrement des organismes mexicains faisant la promotion de l'avortement, ce qui va à l'encontre de la doctrine catholique.

« La délégation [d'enquêteurs dépêchés par la CECC] n'a trouvé aucun fondement aux allégations [de lifesitesnews.com] », a indiqué Mgr Weisgerber. Il tient à rassurer les catholiques canadiens sur la qualité du travail effectué par D&P, l'organisme pour le développement et la paix de l'épiscopat canadien : « On peut assurer les gens qu'il n'y a pas d'argent qui a été dépensé pour promouvoir l'avortement, ni par D&P, ni par les cinq groupes [mexicains mis en cause par lifesitenews.com] », a assuré l'archevêque de Winnipeg.

Mgr Weisgerber a fait ces déclarations vendredi dernier à l'émission Zoom sur la chaîne télévisée catholique Salt & Light basée à Toronto. Cependant, de tels propos en ont surpris plus d'un.

Procédure habituelle
Jeudi dernier (18 juin), le Conseil permanent de la CECC recevait le rapport des enquêteurs dépêchés au Mexique. Dans l'après-midi, une rencontre a eu lieu entre le Bureau de direction de la CECC et celui de D&P. Cette rencontre servait surtout à parler de la démarche générale.

Jeudi dernier, on refusait d'accorder des entrevues au sujet de ce rapport. La raison était fort simple : le rapport des enquêteurs de la CECC doit d'abord être envoyé aux évêques canadiens, qui doivent en prendre connaissance. C'est la façon de procéder à la CECC. Par la suite, il peut être rendu public, notamment sur le site Internet de la conférence.

Cependant, les informations en provenance de la conférence épiscopale divergent : selon le président, il ne sera pas accessible au public et aux médias avant encore deux ou trois semaines. Du côté du service des communications, on parle plutôt de quelques jours, peut-être même d'ici la fin de la semaine. Seul le temps le dira.

Mais jeudi dernier, le mot d'ordre était simple et clair : aucun commentaire ne sera fait aux médias avant la publication du rapport.

La sortie de Mgr Weisgerber
Or, dès le lendemain, la chaîne câblée Salt & Light reçoit Mgr James Weisgerber. D'emblée, il dévoile l'essentiel du rapport. Il n'entre pas dans le fin détail des conclusions et des recommandations, mais le pavé est lancé et Développement et Paix est blanchi.

Mais que penser d'une conférence épiscopale dont même le président n'observe pas le mot d'ordre d'attendre que le rapport soit rendu public ? Était-ce volontaire de sa part ?

En tant que président, il peut certes faire comme bon lui semble. Mais si l'objectif d'attendre avant de commenter est d'éviter de mettre les catholiques canadiens mal à l'aise, c'est raté. Les gens déçus par la décision ont déjà commencé à faire connaître leur mécontentement à la CECC, tout particulièrement ceux qui sont en faveur du point de vue de lifesitenews.com. Quant aux gens de Développement et Paix, ils se réjouissent, mais ne savent pas encore vraiment pourquoi.

Les propos de Mgr Weisgerber vendredi dernier sont également survenus une journée où les bureaux de la CECC étaient fermés. Pourquoi ? Parce que les employés étaient en pique-nique. Donc pour demander des explications aux principaux intéressés, c'est loupé. Mauvais timing, voilà tout.

C'est le Pérou !
Dès lundi, lifesitenews.com répliquait sur son site en présentant de « nouvelles preuves » contre Développement et Paix. Mais cette fois, l'affaire sort largement des frontières canadiennes : même Radio-Vatican a repris une nouvelle largement diffusée sur le site de lifesitenews.com au sujet d'une lettre écrite par l'épiscopat péruvien à l'épiscopat canadien au sujet de l'avortement. L'affaire semble prendre de l'ampleur au lieu de se résorber. La stratégie de gestion de crise choisie par la CECC ne semble pas fonctionner. Au contraire, la conférence épiscopale canadienne pourrait désormais avoir à se justifier aux évêques péruviens.

Malgré tout, la CECC refuse encore de commenter et tient mordicus à attendre que tous les évêques aient pris connaissance du rapport. Il s'agit d'un choix respectable et tout à fait justifiable. Mais plus les jours passent, et plus les questions sont nombreuses et gênantes : comment la CECC en est-elle arrivée là ? Pourquoi un site comme lifesitenews.com a-t-il réussi à avoir autant de crédibilité aux yeux des évêques ? Pourquoi la rédaction de ce rapport a-t-elle été si longue ? Pourquoi avoir choisi de faire une enquête alors qu'on savait d'avance que ses conclusions seraient rejetées par ceux qui critiquent le travail de Développement et Paix ? Que doit-on penser après tout cela du leadership au sein de l'épiscopat canadien ?

Pendant que l'affaire enfle, les conclusions du rapport arriveront en plein été, pendant les vacances et les beaux jours. Les réponses de l'épiscopat canadien risquent de laisser bien des gens indifférents.

Mauvais timing ? C'est sans doute ça...