vendredi 31 juillet 2009

Quand la basilique est vide un 25 juillet (2)

La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré désertée la veille de la fête de sainte Anne : la situation semblait surréaliste pour des milliers de pèlerins venus assister à la messe et à la procession aux flambeaux. Il faut dire que l’église n’était pas vide par choix puisqu’une alerte à la bombe a complètement paralysé le déroulement des festivités entourant la fête de sainte Anne.

Samedi soir dernier, un peu après 17h, une valise apparemment abandonnée a été retrouvée dans la basilique. Située près des multiples bannières de procession dans le transept sud, il était impossible de retrouver son propriétaire malgré des appels à tous. Devant l’achalandage monstre, les forces de l’ordre ont opté pour la sûreté avant tout et ont décidé d’évacuer la basilique et d’ériger un périmètre de sécurité de 200 mètres autour du sanctuaire.

La consternation se lisait sur le visage des gens qui assistaient à l’arrivée du cortège des forces de l’ordre.

« Nous avons préféré ne pas courir de risque inutile, a précisé le père recteur Guy Pilote, d’autant plus que nous avions eu des menaces auparavant pour l’auberge. »

Dans la foule, tout le monde souhaitait qu’il ne s’agisse que d’une fausse alerte.

Sûreté du Québec, pompiers, artificiers et ambulanciers étaient présents. Après plusieurs heures, et après avoir effectué une radiographie de la valise, les forces de l’ordre ont pu confirmer qu’elle ne contenait aucun mécanisme explosif. Quel ne fut pas leur étonnement d’y trouver… un chapelet géant.

« La valise contenait un grand chapelet de procession. On n’a pas pensé que ça pouvait être ça », a confié le père Pilote qui ignorait que certaines personnes laissaient de tels objets en prévision de la procession.

La valise appartenait à l’organisatrice d’un pèlerinage. Auparavant, elle avait pris une entente avec les agents de sécurité pour laisser sa valise à cet endroit. Mais le personnel de la sécurité a changé et personne n’était au courant.

« La dame était extrêmement peinée. C’est vraiment une bonne dame. Elle a agi de bonne foi », de dire le père recteur.

Plusieurs personnes auraient aimé pouvoir assister à une messe malgré tout, même à l’extérieur de la basilique. Après tout, ce ne sont pas les chapelles qui manquent dans les environs. Mais les Rédemptoristes, après avoir réfléchi à la possibilité de déplacer la messe au Centre Sainte-Anne, ont choisi d’abandonner l’idée. Idem pour la traditionnelle soirée de prière dans la basilique, alors que celle-ci reste ouverte toute la nuit exceptionnellement le 25 juillet de chaque année.

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- le thème de la neuvaine était « Réconcilions-nous »;

- selon les chiffres avancés par le sanctuaire, environ 100 000 personnes auraient fréquenté le sanctuaire à l'occasion de la neuvaine 2009;

- les prédications préparées par le professeur Gilles Routhier, le prêtre qui prêchait la neuvaine cette année, pourraient être publiées;

- le groupe du Ahearn Memorial Pilgrimage des États-Unis était présent pour une 86e année consécutive, mais le groupe continue de diminuer année après année;

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Comment un journal sérieux de la trempe du Soleil de Québec peut-il laisser filer ce genre d'énormité qui regorge d'erreurs, dont :

- « Sainte-Anne fait salle comble » : ce n'est pas un spectacle. Si l'auteur voulait faire référence à la sainte et non au lieu, il aurait fallu écrire « Sainte Anne fait salle comble »;

- confusion dans l'ensemble du texte entre le nom d'un lieu, avec le trait d'union, et le nom d'une sainte, sans le trait d'union;

- utiliser le mot « hôtel » au lieu de « autel », et « couloir » au lieu de « déambulatoire » : un journalisme de qualité passe aussi par un vocabulaire précis;

- inconstance entre « basilique » et « Basilique »

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En revanche, deux articles au sujet de la neuvaine se démarquent :

- Neuvaine de Sainte-Anne-de-Beaupré : pour la foi et la beauté des lieux (20 juillet 2009)

- La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré : un « secret d'ici » qui se démarque au Canada (25 juillet 2009)

mardi 28 juillet 2009

Quand la basilique est vide un 25 juillet (1)







Le 25 juillet dernier, alors que la fête de sainte Anne entrait dans son moment fort, c'est-à-dire vers la fin de l'après-midi, un colis suspect a été trouvé dans la basilique. La basilique a alors été évacuée et un périmètre de sécurité a été érigé. Le colis était sans danger, mais il a tout de même provoqué l'annulation de toutes les activités prévues en soirée.

Puisque l'affaire - qui a privé des milliers de personnes de participer à l'un des plus grands rassemblements de l'année au sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré - a eu peu d'échos dans les médias, je vous propose d'abord quelques photos.

jeudi 16 juillet 2009

Texte pro-ECR du Prions en Église : peu d'impact sur les désabonnements

Le 7 juin dernier, le Prions en Église publiait un texte en faveur du cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) nouvellement obligatoire au Québec. Malgré la vive réaction de plusieurs croyants agacés par cette initiative, cela n’a pas eu d’impact statistique sur les désabonnements.

Classé sous la rubrique Prier et réfléchir en Église, le texte de l’enseignant Yves Roy intitulé Éthique et culture religieuse, un tournant essentiel s’était attiré de cinglantes critiques.

Jean Renaud de la revue Égards (qui se présente comme une revue de la « résistance conservatrice ») s’en est pris aux responsables du Prions en Église : « Dans son édition du 7 juin dernier, le Prions en Église, qui a fait montre une nouvelle fois de son manque de jugement, a cru bon de se mettre au service de l’État en publiant un texte d’une rare médiocrité », a-t-il avancé. Il ajoute plus loin que « Jacques Lison, le directeur de Prions en Église, et son équipe ont suffisamment profité de la parole de Dieu et de la liturgie catholique pour leur travail de sape idéologique. » (« Prions en Église au service de l’État », Égards no. 23, 19 juin 2009).

Le blogue québécois Pour une école libre au Québec a également vilipendé le travail de l’équipe de Novalis en publiant une note intitulée Désinformer les paroissiens : parti-pris de Prions en Église. On y parle du texte du 7 juin comme d’une « profession de foi pro-ECR » et on propose une critique presque phrase par phrase du texte de Yves Roy.

Du côté de Prions en Église, on rétorque que de telles prises de positions n’ont pas eu d’impact statistique sur les abonnements. Le texte paru le 7 juin, au moment même où l’année scolaire tirait à sa fin et où des procès impliquant le cours ECR défrayaient la manchette à Drummondville et à Montréal, était planifié depuis la fin de l’été 2008. Le document a été envoyé à l’équipe du Prions en Église le 15 décembre dernier.

Aux yeux de Jacques Lison, directeur des revues religieuses, Novalis, et directeur du Prions en Église, la contestation vient d’un groupe restreint mais bruyant : « J’ai reçu environ cinq courriels. On a voulu nous prêter des intentions que nous n’avons pas », explique-t-il en rappelant que le rôle de Prions en Église n’est pas d’entrer dans des débats passionnés. « Nous nous mettons au service de la foi, des gens et de la liturgie d’ici », fait plutôt valoir Jacques Lison.

De l'aveu du directeur du Prions en Église, il est difficile de plaire à tous les catholiques avec le Prions en Église. Un texte trop mou ou goût de certains peut tout aussi bien être perçu comme étant trop dur au goût des autres, rendant l'exercice hautement délicat.

jeudi 9 juillet 2009

Controverse eucharistique autour du premier ministre canadien

Alors que le premier ministre du Canada se retrouve plongé dans une controverse religieuse au sujet de l’eucharistie, la question de la communion lors d’événements officiels impliquant des représentants du gouvernement demeure entière aux yeux de bien des médias.

La scène se passe le 3 juillet dernier, à l’occasion des funérailles selon le rite catholique de l’ancien gouverneur général du Canada Roméo Leblanc. Au moment de la communion, Mgr André Richard, archevêque de Moncton au Nouveau-Brunswick, s’approche des dignitaires dans la première rangée et leur offre la communion. Stephen Harper reçoit l'hostie d'une seule main. C'est à partir de ce moment que naît la controverse. Ou plutôt LES controverses.

Car la controverse est double, d’où sa complexité… et son caractère pédagogique.

Controverse : version 1.0
Une vidéo circulant largement sur le site de partage vidéo YouTube ne réussit pas à établir hors de tout doute que le premier ministre porte à sa bouche l’hostie qu’on lui offre. Certains observateurs supposent alors qu’il l’aurait mise dans sa poche, ce qui heurte la sensibilité de plusieurs catholiques au pays.

Controverse : version 2.0
D'autres observateurs prétendent plutôt qu'il aurait bel et bien consommé l'hostie. C'est d'ailleurs la version officielle du gouvernement et des gens qui étaient à proximité du premier ministre au moment de la communion. Or, Stephen Harper est protestant. Normalement, dans une église catholique, il n'aurait pas dû consommer l'hostie consacrée et s'inviter, malgré lui, dans un débat de nature œcuménique.



Les origines de la controverse
Pourquoi les médias n'en parlent-ils que maintenant alors que les funérailles ont eu lieu vendredi dernier, le 3 juillet ?

L'histoire a éclaté hier après que Mgr Brian Henneberry, prêtre du diocèse de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, eut demandé au bureau du premier ministre si ce dernier avait bel et bien communié. Selon la Presse canadienne, Mgr Henneberry, qui n'avait pas vu la cérémonie à la télévision, a exigé des explications après avoir reçu un appel d'une femme catholique offusquée du comportement du premier ministre.

La version de l'archevêque de Moncton
Selon Mgr André Richard, Stephen Harper a communié après avoir reçu l'hostie de ses mains. Il ne voit pas de problème à ce que le premier ministre protestant ait reçu la communion si cela était fait dans le respect du sacrement.

Droit canonique
« Stephen Harper n’est absolument pas en faute », affirme sans hésiter Mgr Jean Pelletier, chancelier du diocèse de Québec et spécialiste en droit canonique. Selon lui, c'est plutôt l'archevêque de Moncton qui, en allant vers les dignitaires au lieu de les laisser venir à lui, a malgré lui créé une situation embarrassante. Quant aux accusations contre Stephen Harper, Mgr Pelletier est d'avis « qu'on est allé un peu vite dans les insinuations ».

Protocole
Habituellement, lors de messes catholiques auxquelles participent des représentants du gouvernement, les clercs laissent les dignitaires s’avancer pour recevoir l’hostie consacrée. Cela leur laisse donc le choix de le faire ou non en toute discrétion. Le premier ministre canadien, un protestant, n’a pas eu le loisir de choisir le 3 juillet dernier.

À titre d'exemple, l'actuelle gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, bien que baptisée catholique, se dit ouvertement athée. Elle s'abstient donc de communier lors de messes catholiques, comme ce fut le cas par exemple à la messe de clôture du Congrès eucharistique international de Québec l'an dernier.

Le cas du gouverneur général du Canada soulève cependant des questions quant au symbole qu'il représente. Il est au Canada en tant que représentant civil de la royauté britannique. Or, ce rôle se limite à la sphère civile et politique. Ainsi, si Élizabeth II est également à la tête de l'Église anglicane, il n'en est pas de même au Canada puisque ce rôle appartient réellement au primat anglican du Canada, qui est élu par le Synode des évêques. C'est pourquoi les gouverneurs généraux du pays peuvent agir comme bon leur semble lors de cérémonies religieuses.

L'ancienne gouverneure générale, Adrienne Clarkson, était toutefois anglicane. Le clergé catholique s'est d'ailleurs permis de lui rappeler qu'elle ne devrait pas communier dans une messe catholique (ce qu'elle avait pris l'habitude de faire). Mme Clarkson a suivi le conseil et avait dès lors cessé cette pratique.

Dans le cas des funérailles de Roméo Leblanc, il aurait sans doute fallu mieux préparer le moment sensible de la communion. C'est normalement le rôle des conseillers du premier ministre de s'assurer que ce dernier évite de se mettre les pieds dans les plats. Mais avec les années qui passent et la difficulté croissantes à recruter des conseillers politiques ayant une large culture religieuse, les Canadiens peuvent s'attendre à être confrontés à ce genre de problème plus souvent qu'avant.

mercredi 8 juillet 2009

Université Saint-Paul : une première femme rectrice

Une nomination historique vient d'avoir lieu à l'Université Saint-Paul à Ottawa. Pour la première fois depuis la réorganisation de l'institution en 1965, une femme laïque devient rectrice.

Chantal Beauvais, 46 ans, prend ainsi la tête de l'université pontificale. Elle succède au père Dale Schlitt qui occupait ce poste depuis 15 ans. Jusqu'ici, tous les recteurs de l'Université Saint-Paul ont été des Oblats de Marie-Immaculée.

Le mandat de Chantal Beauvais est de six ans. Il entrera en vigueur le 24 août 2009. Selon Mme Beauvais, cette nomination marque une continuité malgré tout puisque les oblats ont toujours été proches des laïcs dans leur gestion de l'institution.

Chantal Beauvais est originaire de Rouyn-Noranda. Elle a obtenu une maîtrise et un doctorat en philosophie à l'Université d'Ottawa en approfondissant les rapports entre la foi et la raison chez la philosophe Édith Stein. Elle est professeur de philosophie à l'Université Saint-Paul depuis 2001.

L’Université Saint-Paul compte quatre facultés : Sciences humaines, Philosophie, Théologie et Droit canonique. Elle est complémentaire à l'Université d'Ottawa. À l'origine, il n'y avait qu'une seule université - celle d'Ottawa - qui a été fondée par les oblats en 1848.