jeudi 28 mai 2009

Scandale de Développement et Paix : le rapport remis le 18 juin

Selon mes sources, le rapport de l'enquête menée par des évêques canadiens sur le travail de l'organisme Développement et Paix au Mexique sera remis le 18 juin à la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC). Le rapport est très attendu chez Développement et Paix puisque les importantes collectes de fonds du Carême ont souffert des accusations portées contre l'organisme cet hiver.

Le 18 juin, c'est plus tard que ce qui avait été initialement estimé. Au début du mois de mai, les évêques responsables de la rédaction du rapport parlaient plutôt de la fin du mois du mai ou du début du mois de juin comme date de remise. Cependant, la date n'était pas arrêtée avec précision. Les évêques avaient indiqué que l'éloignement géographique entre eux constituait un défi dans la rédaction du rapport.

Le rapport sera le fruit du travail conjoint de plusieurs évêques qui ont effectué une visite au Mexique à la fin de l'hiver pour faire enquête sur des doutes émis par certains médias catholiques anglophones sur les liens qu'aurait l'organisme avec des groupes faisant la promotion de l'avortement. Le rapport sera bilingue. Toutefois, les médias et le public ne pourront pas le consulter immédiatement : ils devront attendre au moins quelques jours. Là encore, aucune date n'a été fixée.

Pour en savoir davantage sur cette enquête, voir Enquête sur Développement et Paix

jeudi 21 mai 2009

Abus d'enfants : rapport accablant pour l'Église catholique en Irlande


Un rapport accablant pour l'Église catholique vient d'être publié en Irlande. Comprenant cinq volumes et faisant environ 2500 pages, il cherche à faire la lumière sur les cas d'abus sexuels, physiques et psychologiques dont ont été victimes des milliers d'enfants confiés à diverses institutions de l'Église.

Les auteurs du rapport gouvernemental couvrent une vaste période : de 1936 jusqu'aux années 1990. Les enfants victimes étaient pris en charge dans des orphelinats, des écoles de réforme et des institutions d'éducation ou de soins gérés par des communautés catholiques.

Honte nationale
Les mots manquent présentement en Irlande pour qualifier le sentiment de honte éprouvé tant par l'Église catholique que par le gouvernement, qui agissait en tant que complice dans cette affaire. En fait, ce n'est que suite à de nombreux reportages et documentaires réalisés au cours des années 90 en Irlande que ces nombreux cas d'abus ont été dévoilés au public. En 1999, le premier ministre a été obligé de s'excuser pour les torts commis et a ordonné qu'une commission d'enquête soit créée. Le rapport présenté cette semaine est le fruit de cette commission. Elle a eu besoin de neuf ans pour compléter son travail.

Au total, 35 000 enfants ont côtoyé les institutions visées dans le rapport. Parmi ce nombre, environ 14 500 enfants ont subis des abus. 12 000 d'entre eux ont déjà été dédommagés, pour un montant total qui avoisine le milliard d'euros.

Un article publié dans The Irish Times intitulé The savage reality of our darkest days exprime avec éloquence la profondeur du malaise dans la société irlandaise :

"THE REPORT of the Commission to Inquire into Child Abuse is the map of an Irish hell. It defines the contours of a dark hinterland of the State, a parallel country whose existence we have long known but never fully acknowledged. It is a land of pain and shame, of savage cruelty and callous indifference."

Quant à l'Église d'Irlande, plusieurs évêques ont réagi, dont le primat, le cardinal Sean Brady :

"It documents a shameful catalogue of cruelty: neglect, physical, sexual and emotional abuse, perpetrated against children. I am profoundly sorry and deeply ashamed that children suffered in such awful ways in these institutions. Children deserved better and especially from those caring for them in the name of Jesus Christ."

Ce n'est que le début
Il va sans dite que l'image de l'Église catholique en Irlande est profondément salie. Et pour cause : le rapport démontre que les autorités ecclésiales savaient ce qui se passait, mais qu'elles préféraient fermer les yeux, avec la complicité du gouvernement.

Or, cette situation n'est sans doute que le début d'un long processus de contrition pour l'Église irlandaise : dans quelques semaines, un autre rapport qui promet d'être tout aussi accablant - de l'aveu même des évêques - viendra faire la lumière sur des cas d'abus sexuels et physiques commis par le clergé dans le diocèse de Dublin entre 1975 et 2004.

Et Rome ?
Le pape Benoît XVI a déjà abordé la question de ces abus lors de la visite ad limina des évêques irlandais en octobre 2006 :

"Dans l'exercice de votre ministère pastoral, au cours des dernières années, vous avez dû faire face à de nombreux cas douloureux d'abus sexuels sur des mineurs. Ces faits sont encore plus tragiques lorsque c'est un ecclésiastique qui les commet. Les blessures causées par de tels actes sont profondes, et la tâche de rétablir la confiance lorsqu'elle a été lésée est urgente. Dans vos efforts permanents pour affronter ce problème de manière efficace, il est important d'établir la vérité sur ce qui est arrivé par le passé, de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise à l'avenir, d'assurer que les principes de justice soient pleinement respectés et, surtout, de soutenir les victimes et tous ceux qui sont victimes de ces crimes monstrueux."

Benoît XVI, au moment où il était à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait décidé d'instaurer une politique de tolérance zéro à l'endroit de tels comportements. Aujourd'hui, le Vatican gère cette affaire en respectant la compétence locale des évêques d'Irlande.

mardi 19 mai 2009

[Édito] Église et communications : les petits combats qui font mal

L'Église catholique québécoise ne le sait que trop bien : son message passe difficilement dans les médias. Que ce soit le choix du sujet, l'angle retenu ou la prise de position éditoriale, le traitement réservé à l'Église agace plusieurs catholiques. Mais si d'un côté le service de presse du Vatican a fait son mea culpa suite aux défaillances qu'il a connu au début de l'année 2009 et affirme avoir appris la leçon, peut-on en dire autant de l'Église au Québec ? Voici deux exemples qui illustrent parfaitement que dans la guerre des communications, l'Église du Québec perd trop souvent ses combats pour réellement changer son image.

Montée jeunesse : il y a quelqu'un ?
La Montée jeunesse, un événement de grande ampleur axé sur - son nom l'indique - la jeunesse chrétienne, avait lieu à Québec la fin de semaine de la Fête des Patriotes. Le diocèse a fait un effort pour diffuser certains événements en direct sur Internet. Mais dans les médias (ceux que les gens consultent vraiment), les articles qui frappent le plus sont ceux publiés dans le journal Le Soleil par un jeune journaliste qui n'a jamais caché ses réticences face à l'Église catholique. Son article fait le lien - et c'est un choix journalistique intelligent - entre l'homélie "pro-vie" du cardinal Ouellet pendant cette fin de semaine et sa présence à une manifestation pro-vie sur la Colline parlementaire la semaine dernière. Quelques mots à peine portent sur la Montée jeunesse en tant qu'événement de foi. Si l'intention était de faire rayonner l'événement pour son contenu, c'est raté, du moins auprès du principal journal de Québec.

Souhaitant avoir un autre point de vue, je cherchais aujourd'hui à joindre les organisateurs de la Montée jeunesse pour savoir quel bilan tirer de la fin de semaine. Mais je ne me doutais pas que ce serait si compliqué.

En contactant le poste 201 au diocèse (tel qu’indiqué sur le site de la Montée jeunesse), on tombait, en ce mardi matin, sur une boîte vocale qui nous renvoie à un autre numéro, à l’Université Laval. En composant ce second numéro, une autre boîte vocale nous indique que le numéro à composer pour parler aux organisateurs de la Montée jeunesse est en fait un troisième numéro, encore différent. Or, à ce numéro, on apprend qu’on vient d’appeler une dame qui ne donne que son prénom, sans mentionner si c'est bel et bien le numéro pour parler aux organisateurs de la Montée jeunesse. Trois numéros, et rien.

Finalement, impossible de tomber sur les organisateurs en ce mardi matin. Impossible donc d'avoir leur point de vue sur l'activité de la fin de semaine. Impossible d'avoir leurs réactions aux articles publiés dans Le Soleil.

Laisser les autres parler de soi : refus de commenter
Le deuxième exemple concerne la vente d'un bâtiment de l'Église catholique sur le territoire québécois. Le nom du diocèse est tu ici, mais l'exemple n'y perd pas de son éloquence.

Le site Internet de la Société Radio-Canada faisait récemment état de la vente prochaine d'un bâtiment important dans un diocèse. Les gens du diocèse en question ne sont pas cités dans la nouvelle. Donc, pour entendre ce qu'ils ont à dire de cette nouvelle qui les concerne directement, j'appelle les bureaux. Là, non seulement on ne veut pas commenter - ce qui peut être compréhensible - mais on me fait également comprendre que mes appels - en moyenne une fois par mois - sont trop fréquents pour demander de l'information (!)

La perte des petits combats qui font mal
Le journaliste n'a pas grand-chose à perdre d'une confusion dans l'organisation des communications ou quand les gens refusent de commenter. Et c'est bien là le problème. Car il continuera de commenter de toute manière : il n'a pas le choix, c'est son métier. Mais chaque fois que les défaillances dans l'organisation des communications se transforment en silence, les gens, inculant les journalistes, n'ont pas le choix de se retourner vers les sources possibles d'informations, même si ces sources risquent d'aborder la question de manière "négative".

Les deux exemples ci-haut montrent comment, tous les jours, dans de petits détails communicationnels, l'Église catholique au Québec perd ses combats, incapable de tenir une ligne de front, d'y placer des idées et de les rendre indélogeables. Pas étonnant, cette Église, qu'elle trouve son image si difficile à changer...

jeudi 14 mai 2009

Marche pro-vie à Ottawa : l'épiscopat se fait remarquer

Le 14 mai 1969, le Canada adoptait la loi omnibus qui décriminalisait l'homosexualité et qui rendait désormais possible l'avortement. Aujourd'hui, pour marquer cet anniversaire, l'Organisme catholique pour la vie et la famille (OCVF) conviait les catholiques canadiens à la Marche nationale pour la vie sur la Colline parlementaire à Ottawa. Si son impact sur la querelle opposant les pro-vie aux pro-choix risque d'être négligeable, on ne peut pas en dire autant de celui qu'elle aura sur l'épiscopat canadien.

Cette marche n'en était pas à sa première édition. On attendait même cette année plus de manifestants qu'à l'habitude en raison des 40 ans du "Bill omnibus". L'OCVF a procédé à une campagne de plusieurs semaines intensives pour mobiliser les catholiques. S'il pouvait compter sur l'appui des Chevaliers de Colomb (ceux-là mêmes qui s'achetaient des publicités radiophoniques exhortant les Canadiens à voter pour un candidat pro-vie lors des dernières élections fédérales d'octobre 2008), rien ne semblait gagné du côté de l'épiscopat canadien. L'OCVF a beau avoir été fondé conjointement par le Conseil suprême des Chevaliers de Colomb et la Conférence des évêques catholiques du Canada, les évêques ne se sont jamais déplacés en masse pour prendre part à cette marche. Mais cette année, les choses ont drastiquement changé : au moins neuf évêques étaient présents, contrairement à un ou deux les années précédentes.

Nouveau leadership
L'archevêque d'Ottawa, Mgr Terrence Prendergast, tenait abosulement à y participer. Il était entouré de deux autres figures importantes de l'épiscopat canadien : Mgr Thomas Collins, archevêque de Toronto, et le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada. Les autres évêques présents venaient surtout du côté anglophone. L'archevêque de Vancouver, Mgr Michael Miller, qui vient d'arriver à la tête du diocèse le plus à l'ouest du Canada, aurait semble-t-il voulu être présent. Comment expliquer cette soudaine présence en masse d'évêques à cette marche ? Par le renouveau du leadership de l'épiscopat canadien. Du moins, c'est l'impression qu'avaient plusieurs participants.

Les archevêques Prendergast, Collins et Ouellet dirigent tous des archidiocèses clés de l'Église au Canada. Ils sont tous nouvellement arrivés : Mgr Prendergast à Ottawa en 2007, Mgr Collins à Toronto en 2007 et le cardinal Ouellet à Québec en 2003. On peut même ajouter Mgr Miller, qui est arrivé à la tête de l'archidiocèse de Vancouver en janvier dernier. Ces hommes ont tous en commun un ministère qui encourage fortement le développement de la famille et de l'éducation catholiques. En ce sens, il n'était pas étonnant de les retrouver réunis à Ottawa aujourd'hui.

Consolidation
Alors qu'au cours des dernières années les évêques canadiens ont, au goût de plusieurs catholiques, brillé davantage par leur absence que par leur prise de parole, ces mêmes catholiques n'hésitent pas à voir émerger aujourd'hui un nouveau leadership au sein de l'épiscopat canadien, notamment autour d'une question morale aussi polarisante que l'avortement. Ces archevêques relativement jeunes incarnent les aspirations de plusieurs pratiquants au pays qui rêvent de voir leur Église reprendre une place plus importante dans les débats publiques, dans le monde de l'éducation et dans la vie de famille. Il reste désormais à voir si cette tendance se confirmera. Le zèle du début sera-t-il étouffé par la lourdeur administrative des archidiocèses ? Les catholiques plus modérés se reconnaîtront-ils dans cette nouvelle approche, surtout au Québec ?

Chose certaine, si les évêques qui étaient présents aujourd'hui à Ottawa souhaitent consolider ce nouveau leadership qu'on leur accorde volontiers au sein de l'épiscopat canadien, leur souplesse et leur travail de relations publiques devront être aussi solides que les convictions morales qu'ils entendent défendre.

mardi 12 mai 2009

Voyage du pape en Terre Sainte : il n'y en aura pas de facile

Alors que le pape Benoît XVI a été au coeur de plusieurs controverses médiatiques au cours des derniers mois, son voyage en Terre Sainte tranche avec les récentes défaillances vaticanes. Jusqu'à présent, il a réussi un parcours quasiment sans faute, sur un terrain miné.

Ce voyage comporte plusieurs objectifs à moyen et long terme pour Benoît XVI et l'Église catholique. Le premier objectif consiste à encourager - ou raffermir dans la foi, pour employer un vocabulaire plus juste - les chrétiens de Terre Sainte. Depuis plusieurs années, ceux-ci ont tendance à quitter cette région pour aller s'installer ailleurs. Le pourcentage de chrétiens a donc drastiquement diminué. Une telle situation s'observe également en Irak, où les chrétiens fuient les tensions et les violences.

Lorsqu'on se penche sur les textes des interventions faites par le Vatican au sujet du Proche-Orient, force est d'admettre que Rome a généralement un message de paix à livrer à cette région du monde. Tant qu'il y aura des chrétiens, le pape pourra se prononcer en toute légitimité sur les conflits qui s'y déroulent et sur la recherche d'une paix stable. Bien entendu, des raisons historiques et religieuses - lieux saints - poussent également le Vatican à encourager les chrétiens à rester sur place.

Améliorer le dialogue avec l'Islam et le judaïsme
Le second objectif que Rome poursuit dans ce voyage papal consiste à tisser des liens plus étroits entre les trois grandes religions monothéistes. Depuis l'élection de Benoît XVI, celles-ci ont souvent été mises à mal. En ce qui concerne les musulmans, c'est une occasion en or pour le pape de faire oublier son discours de Ratisbonne qui avait suscité tant de colère dans le monde islamique. Son passage à la grande mosquée de Amman samedi dernier a été l'occasion d'avoir un dialogue franc avec les musulmans. Les hôtes du pape ne se sont pas gênés pour lui rappeler ce discours de Ratisbonne, mais l'accent demeurait nettement centré sur la nécessité de regarder vers le présent et l'avenir.

Avec les juifs, le dialogue est complexe et riche en tensions, mais aussi en défis. Avant Benoît XVI, Paul VI et Jean-Paul II se sont rendus en Terre Sainte. Ils héritaient déjà en cela de l'ouverture plus grande au dialogue judéo-chrétien que le pape Jean XXIII souhaitait instaurer. La question du pape Pie XII et de son attitude pendant la Seconde guerre mondiale n'a pas été soulevée très souvent jusqu'à maintenant, ce qui sert bien le Vatican. Mais l'affaire Williamson et la prière du Vendredi Saint demeurent encore des épées de Damoclès suspendues au-dessus des relations judéo-chrétiennes. En Israël, les autorités tant politiques que religieuses sont ouvertement divisées face à cette venue de Benoît XVI. Ce dernier a donc misé sur une valeur sûre, histoire de dissiper tout doute : la condamnation de l'antisémitisme. Mais même cette condamnation sans équivoque ne fait pas l'unanimité.

Il n'y en aura pas de facile
Cette expression consacrée du monde du sport s'applique à merveille à ce voyage. Après un début d'année 2009 semé d'embûches, voire de chutes, le pape semble cette fois en voie de réaliser un parcours sans faute... ou presque.

Toutefois, il est attendu dans le dernier droit : quelques médias ont repris certaines vieilles histoires au cours des 48 dernières heures. L'Agence France-Presse publiait par exemple un article sur les liens du pape Benoît XVI avec le nazisme. D'autres articles ont tenté de relancer la polémique autour de Pie XII, mais n'y sont pas parvenus. D'autres encore mettent l'accent sur le manque d'unanimité autour du voyage du pape en Terre Sainte (ce qui ne constitue par vraiment une nouvelle en soi, puisqu'une telle unanimité est impensable, d'une part, et largement connue, d'autre part). Bref : on lance des pétards mouillés.

Il faut dire que contrairement à l'Afrique où il était aisé de réduire la visite papale à une question de préservatifs, cette visite en Terre Sainte survient dans un coin du monde où tourner les coins ronds n'est pas conseillé. Devant l'ampleur de la complexité historique, politique et religieuse, on a l'impression cette semaine que les médias évitent de trop s'aventurer. Plusieurs demeurent cependant à l'affût du moindre faux pas, une position d'attente qui laisse cependant le champ libre au contenu et au dialogue, pour le plus grand bien des initiatives de paix.

mercredi 6 mai 2009

Rumeur autour du cardinal Ouellet : invitation à lire entre les lignes


Une rumeur envoyant le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, à Rome pour occuper un poste important a circulé une bonne partie de la journée. Elle a finalement été démentie par le cardinal lui-même pendant la rencontre annuelle du clergé diocésain qui avait lieu aujourd'hui au couvent des Soeurs de la Charité de Québec.

De telles rumeurs ont souvent circulé depuis l'arrivée du cardinal Marc Ouellet à Québec. Le simple fait qu'il soit l'un des évêques les plus romains de la province suffit à les alimenter. La directrice des communications du diocèse a passé sa journée à répéter aux représentants des médias que tout le monde « pouvait ranger le champagne, ou les mouchoirs », selon leur appréciation du cardinal Ouellet.

Certains ont parlé de « signes » qui auraient pu laisser croire que Marc Ouellet serait nommé prochainement à Rome à un poste prestigieux. Le cardinal occupe déjà plusieurs fonctions dans les organes romains, ce qui s'accompagne de responsabilités qui l'amènent à voyager beaucoup. Il y a près d'un an, son diocèse recevait le Congrès eucharistique international. En octobre dernier, il était le rapporteur général des évêques au synode sur la Parole de Dieu qui se tenait à Rome. Certains ont cru voir dans l'addition de ces signes le gage d'une nomination qui l'aurait rapproché de Benoît XVI, un homme avec qui il s'entend à merveille.

Dans les faits, une nomination aurait été étonnante. Le diocèse vient tout juste de recevoir deux nouveaux évêques auxiliaires et le cardinal a beaucoup de projets en tête, dont la restructuration des services diocésains et une meilleure visibilité communicationnelle pour l'Église à Québec. Rome ne peut ignorer cela. C'est d'ailleurs en partie pour mettre en branle de telles actions qu'on l'a nommé à Québec.

Lire entre les lignes
Donc, d'où vient réellement cette rumeur qui s'est retrouvée aujourd'hui dans le quotidien Le Soleil ? Même les proches du cardinal ne savaient le dire aujourd'hui. Ce que l'on sait par contre, c'est que Le Soleil a deux journalistes qui se démarquent lorsque vient le temps de parler de religion : Yves Therrien et Claude Vaillancourt. Il semblerait qu'il ne soit pas facile pour eux, surtout pour Therrien (qui possède une maîtrise en théologie) de convaincre ses patrons de la pertinence de couvrir certains sujets religieux. Ce fut notamment le cas lors du Congrès eucharistique international l'été dernier. Pourtant, les articles de Therrien ont été fort appréciés grâce à sa capacité de comprendre les enjeux d'une telle rencontre d'Église.

Aujourd'hui, quel était l'enjeu ? La rencontre annuelle du clergé diocésain. Les médias en auraient-ils parlé autrement ? Probablement pas, malgré l'impact qu'elle pourrait avoir sur l'Église de Québec. Cette rencontre devait aborder la question de la restructuration des services diocésains. Elle devait également permettre au cardinal Ouellet de confier aux deux nouveaux évêques auxiliaires, Gérald Cyprien Lacroix et Paul Lortie, leur mission respective. Bref, une rencontre d'importance pour l'avenir de l'organisation de l'Église à Québec, et une rencontre qui influencera également le message pastoral qui émanera à désormais du diocèse.

En utilisant l'angle de la rumeur du départ du cardinal pour en parler, les patrons de presse y trouvaient leur compte : c'est « vendeur ». Quant aux journalistes, ils pouvaient alors en profiter pour parler des véritables enjeux de la rencontre. Était-ce volontaire de leur part ? Difficile à dire. Mais disons que les catholiques, désormais habitués à lire entre les lignes, sauront départager l'information de la sensation.

vendredi 1 mai 2009

Enquête sur Développement et Paix : « On n'a pas redécouvert l'Amérique ! »

Le rapport d'enquête sur les activités de Développement et Paix (D&P) au Mexique, l'organisme de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), n'est pas encore déposé. Mais il a toutes les chances d'être favorable à l'organisme. Il faudra attendre la fin du mois de mai ou le début du mois de juin pour le voir.

Pour vous remettre dans le contexte : Développement et Paix sous enquête

Le rapport sera écrit par Mgr Currie de Saint-Jean (T-N), Mgr François Lapierre de Saint-Hyacinthe et par Mgr Mario Paquette, secrétaire général de la CECC, des hommes compétents qui ont une connaissance approfondie de l'espagnol et du droit canonique. Ils ont fait le voyage ensemble au Mexique, où ils disent avoir été très bien reçus.

Un voyage utile ?
Pour l'instant, ils ne veulent pas en dire trop sur le contenu du rapport final, mais ils avouent tout de même ne pas avoir fait de découverte majeure... Une réalité parfaitement illustrée par Mgr François Lapierre qui a lancé sur le ton de la rigolade : « On n'a pas redécouvert l'Amérique ! »

Mais blague à part, cela veut essentiellement dire que le voyage au Mexique ne semble pas avoir permis de confirmer les accusations de lifesitenews.com au sujet du soutien à l'avortement. Valait-il la peine de le faire ? Les évêques ont-ils réagi bêtement en « semblant croire » lifesitenews.com ?

Dans les faits, la situation avait pris une telle ampleur dans les provinces anglophones du Canada que les évêques ont été contraints de réagir probablement pour les deux raisons suivantes : sauver la campagne annuelle de D&P et endiguer l'effet domino que cela aurait pu produire, notamment sur leur leadership.

Sauver la collecte annuelle
Chaque année, pendant le Carême, D&P organise une collecte annuelle. Or, suite aux allégations de soutenir des groupes pro-avortement au Mexique, certains diocèses ont réagi fortement. Par exemple, celui de Toronto a gelé l'acheminement de l'argent à l'organisme. Cette collecte annuelle, baptisée Carême de partage, accumule habituellement 10 millions de dollars à travers le Canada, une maigre somme pour l'ampleur de la mission de D&P. L'année 2009 obligera sans doute l'organisme a rationnaliser ses activités puisque la collecte a été nettement moins lucrative que d'habitude.

Endiguer
Le scandale suscité par lifesitenews.com s'est répandu rapidement chez les catholiques canadiens, Internet oblige. Les évêques canadiens devaient tôt ou tard être appelés à réagir, puisque D&P leur est intimement lié. En prenant somme toute assez rapidement les choses en main, ils ont mis fin aux spéculations. Des spéculations qui alimentaient des doutes quant à la qualité du travail de D&P et qui, en nuisant à cet organisme, éclaboussaient les évêques du Canada. Les évêques ont ainsi pu éviter de laisser traîner une situation inconfortable qui mettait non seulement la CECC dans l'embarras au pays, mais également à l'étranger.