mardi 30 juin 2009

D&P : les grandes questions posées par le scandale

Le rapport du comité d'enquête de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) sur les organisations non gouvernementales partenaires de l'organisme Développement et Paix (D&P) a été rendu public. Comme l'avait déjà annoncé le président de la CECC, Mgr James Weisgerber, l'organisme est lavé de tout soupçon en ce qui concerne les accusations que portait contre lui le site Internet lifesitenews.com.

Ce dernier affirmait que Développement et Paix, qui est étroitement lié à l'épiscopat canadien, finançait des organismes mexicains faisant la promotion de l'avortement. De telles allégations ont créé un véritable scandale dans plusieurs provinces anglophones. Lifesitenews voit ainsi son argumentaire réfuté par les enquêteurs de la CECC qui s'étaient rendus au Mexique en avril dernier devant l'ampleur du scandale.

Dans le rapport, la CECC affirme « que les allégations, les accusations et les dénonciations portées par les uns contre les autres n’apportent rien de positif dans notre Église et constituent un contre-témoignage de l’esprit évangélique qui doit animer les chrétiens. » Le message est clair, mais cela n'empêche pas non plus le rapport de tendre la main à lifesitenews et d'inviter le site à entrer en dialogue avec la CECC.

Entrevues
Dans le cadre de mon travail, j'ai pu réaliser deux entrevues en français au sujet du rapport. Vous pouvez pour l'instant les écouter en cliquant ici.

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Deux grandes questions à approfondir
Le scandale de D&P pose deux questions essentielles à l'ensemble de l'Église catholique au Canada. C'est d'ailleurs ce qui fait l'intérêt de cette histoire. Autrement, les médias auraient perdu leur temps à couvrir une querelle dont l'issue semblait évidente dès le retour au pays des enquêteurs de la CECC.

La première question concerne la confiance qu'accorde l'ensemble du clergé canadien à D&P. Dans les milieux catholiques, c'est bien connu : D&P a toujours eu à faire face à des réticences face à ses actions et à son mandat au sein même de l'Église catholique. Cet organisme fondé il y a plus de quarante ans a toujours eu à dos les catholiques plus conservateurs. N'empêche, on ne parle quand même pas d'une vive opposition. Donc, pourquoi les évêques ont-ils accordé autant d'attention à lifesitenews ? Doutaient-ils de leur propre organisme ? Ne sont-ils pas en train d'ouvrir la porte à toutes sortes d'allégations en provenance de n'importe quel groupe ?

Il faut rappeler que l'enquête est devenue une nécessité quand six diocèses, dont ceux de Toronto et de Vancouver, ont décidé de retenir l'argent des collectes de fonds destiné à D&P jusqu'à ce que les allégations soient clarifiées. L'organisme était ainsi privé d'un total de 2 millions $. Au sein du clergé, le doute est donc d'abord venu de certains évêques, surtout en Ontario.

La CECC et D&P assurent tous deux que le lien de confiance n'est pas brisé. Par contre, la confiance des catholiques canadiens envers l'organisme est belle et bien écorchée. Et cela n'est pas étranger à un phénomène en croissance depuis quelques années dans l'Église catholique au Canada : ceux qui sont « plus catholiques que le pape ». Autrement dit, les catholiques qui mènent des chasses aux sorcières, en s'appuyant sur les nouveaux moyens de communications et sur quelques riches donateurs. Au lieu de travailler à l'instauration d'un climat de confiance, on chercher plutôt à agir comme un chien de garde, s'en tenant à une forme stérile de rigorisme. Ce phénomène teinte d'abord la qualité des relations entre les catholiques du Canada.

Et cela fait le pont avec la deuxième question fondamentale que pose ce scandale.

Quel rapport l'Église entretient-elle au monde ? C'est l'un des grandes questions de Vatican II. Voici un exemple concret qui s'applique dans le cas de D&P : quand un projet vaut la peine d'être soutenu, doit-il être abandonné parce qu'un autre partenaire qui participe à ce même projet n'a pas la même vision de la morale sexuelle que l'Église ? Cette question est au coeur des rapports de l'Église catholique avec la modernité.

Comme le faisait remarquer l'éthicien Bernard Keating, l'Église catholique au Canada se comporte de plus en plus comme un lobby au lieu d'être l'acteur civique qu'elle a déjà été. Les enseignements sont caricaturés, transformés en slogan et concentrés sur quelques éléments clés de la morale catholique qui ont comme point commun le rejet d'une certaine forme de modernité. Cette tendance vers une Église-lobby, qui cherche à influencer la vie publique non pas en modifiant le monde de manière évangélique mais en se braquant sur ses positions et en les retenant comme seules vérités, inquiète tant dans les milieux catholiques que dans ceux qui y sont complètement étrangers. Plusieurs personnes ont l'impression de voir un déplacement idéologique du catholicisme vers une pratique plus conservatrice, ce qui soulève bien des questions dans une province comme le Québec.

Dès lors, à la lumière de ce phénomène, que dit le scandale de D&P du rapport entre l'Église catholique et la société canadienne ?

Les questions du rapport au monde et du climat de confiance et d'unité devraient logiquement être débattues au cours de la rencontre plénière de l'épiscopat canadien l'automne prochain. La remise du rapport n'est que la première étape. Les faits sont désormais relégués au passé, mais les questions demeurent. Il sera donc intéressant de voir comment ces questions seront traitées à travers l'Église au Canada d'ici la fin de l'année.

mardi 23 juin 2009

[Édito] Scandale de D&P : confusion et mauvais timing autour de la sortie du rapport

Revenant sur le scandale qui a ébranlé l'organisme catholique Développement et Paix cet hiver et sur l'enquête commandée par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), son président, Mgr James Weisgerber a déclaré « qu'il n'y a pas de fondement à ces allégations ». Le président de la CECC faisait ainsi référence aux articles publiés sur le site Internet pro-vie lifesitenews.com qui accusaient Développement et Paix (D&P) de soutenir financièrement des organismes mexicains faisant la promotion de l'avortement, ce qui va à l'encontre de la doctrine catholique.

« La délégation [d'enquêteurs dépêchés par la CECC] n'a trouvé aucun fondement aux allégations [de lifesitesnews.com] », a indiqué Mgr Weisgerber. Il tient à rassurer les catholiques canadiens sur la qualité du travail effectué par D&P, l'organisme pour le développement et la paix de l'épiscopat canadien : « On peut assurer les gens qu'il n'y a pas d'argent qui a été dépensé pour promouvoir l'avortement, ni par D&P, ni par les cinq groupes [mexicains mis en cause par lifesitenews.com] », a assuré l'archevêque de Winnipeg.

Mgr Weisgerber a fait ces déclarations vendredi dernier à l'émission Zoom sur la chaîne télévisée catholique Salt & Light basée à Toronto. Cependant, de tels propos en ont surpris plus d'un.

Procédure habituelle
Jeudi dernier (18 juin), le Conseil permanent de la CECC recevait le rapport des enquêteurs dépêchés au Mexique. Dans l'après-midi, une rencontre a eu lieu entre le Bureau de direction de la CECC et celui de D&P. Cette rencontre servait surtout à parler de la démarche générale.

Jeudi dernier, on refusait d'accorder des entrevues au sujet de ce rapport. La raison était fort simple : le rapport des enquêteurs de la CECC doit d'abord être envoyé aux évêques canadiens, qui doivent en prendre connaissance. C'est la façon de procéder à la CECC. Par la suite, il peut être rendu public, notamment sur le site Internet de la conférence.

Cependant, les informations en provenance de la conférence épiscopale divergent : selon le président, il ne sera pas accessible au public et aux médias avant encore deux ou trois semaines. Du côté du service des communications, on parle plutôt de quelques jours, peut-être même d'ici la fin de la semaine. Seul le temps le dira.

Mais jeudi dernier, le mot d'ordre était simple et clair : aucun commentaire ne sera fait aux médias avant la publication du rapport.

La sortie de Mgr Weisgerber
Or, dès le lendemain, la chaîne câblée Salt & Light reçoit Mgr James Weisgerber. D'emblée, il dévoile l'essentiel du rapport. Il n'entre pas dans le fin détail des conclusions et des recommandations, mais le pavé est lancé et Développement et Paix est blanchi.

Mais que penser d'une conférence épiscopale dont même le président n'observe pas le mot d'ordre d'attendre que le rapport soit rendu public ? Était-ce volontaire de sa part ?

En tant que président, il peut certes faire comme bon lui semble. Mais si l'objectif d'attendre avant de commenter est d'éviter de mettre les catholiques canadiens mal à l'aise, c'est raté. Les gens déçus par la décision ont déjà commencé à faire connaître leur mécontentement à la CECC, tout particulièrement ceux qui sont en faveur du point de vue de lifesitenews.com. Quant aux gens de Développement et Paix, ils se réjouissent, mais ne savent pas encore vraiment pourquoi.

Les propos de Mgr Weisgerber vendredi dernier sont également survenus une journée où les bureaux de la CECC étaient fermés. Pourquoi ? Parce que les employés étaient en pique-nique. Donc pour demander des explications aux principaux intéressés, c'est loupé. Mauvais timing, voilà tout.

C'est le Pérou !
Dès lundi, lifesitenews.com répliquait sur son site en présentant de « nouvelles preuves » contre Développement et Paix. Mais cette fois, l'affaire sort largement des frontières canadiennes : même Radio-Vatican a repris une nouvelle largement diffusée sur le site de lifesitenews.com au sujet d'une lettre écrite par l'épiscopat péruvien à l'épiscopat canadien au sujet de l'avortement. L'affaire semble prendre de l'ampleur au lieu de se résorber. La stratégie de gestion de crise choisie par la CECC ne semble pas fonctionner. Au contraire, la conférence épiscopale canadienne pourrait désormais avoir à se justifier aux évêques péruviens.

Malgré tout, la CECC refuse encore de commenter et tient mordicus à attendre que tous les évêques aient pris connaissance du rapport. Il s'agit d'un choix respectable et tout à fait justifiable. Mais plus les jours passent, et plus les questions sont nombreuses et gênantes : comment la CECC en est-elle arrivée là ? Pourquoi un site comme lifesitenews.com a-t-il réussi à avoir autant de crédibilité aux yeux des évêques ? Pourquoi la rédaction de ce rapport a-t-elle été si longue ? Pourquoi avoir choisi de faire une enquête alors qu'on savait d'avance que ses conclusions seraient rejetées par ceux qui critiquent le travail de Développement et Paix ? Que doit-on penser après tout cela du leadership au sein de l'épiscopat canadien ?

Pendant que l'affaire enfle, les conclusions du rapport arriveront en plein été, pendant les vacances et les beaux jours. Les réponses de l'épiscopat canadien risquent de laisser bien des gens indifférents.

Mauvais timing ? C'est sans doute ça...

jeudi 18 juin 2009

Sainte-Anne-de-Beaupré dit adieu à l'un de ses piliers

Le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré vient de perdre l'un de ses plus illustres représentants. Vendredi dernier, le père Raymond Tremblay, C.Ss.R., est décédé subitement. Il avait eu 80 ans en février dernier. Il faisait partie de ces hommes de foi qui excellent dans plusieurs domaines, mais qui gardent malgré tout une grande humilité.

Peu de temps avant la prière du matin dans la chapelle du monastère des rédemptoristes - les gardiens du sanctuaire - les confrères du père Tremblay l'ont trouvé assis sur sa chaise, près de l'orgue. Ils ont d'abord cru qu'il dormait, mais ils ont constaté que quelque chose clochait quand ils ont tenté de le réveiller. Malgré des tentatives de réanimation, son décès a été confirmé vers 7h50 à l'hôpital de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il serait mort selon toute vraisemblance d'un arrêt cardiaque.

Le père Tremblay était admiré pour son humilité, son travail et sa grandeur d'âme. « Il travaillait comme dix », indique le recteur de la basilique, le père Guy Pilote, pour qui le père Tremblay était un confrère, un collègue de travail et un ami. C'est d'ailleurs le père Pilote qui a préparé une bonne partie de l'hommage qui lui sera rendu lors de ses funérailles samedi matin.

L'amour des langues
À l'époque des cours classiques au Québec, avant les réformes scolaires, il avait mis au point une méthode d'enseignement du grec qui a été adoptée à travers toute la province. Il a ainsi écrit plusieurs livres qui étaient destinés aux écoliers, notamment à ceux du Séminaire Saint-Alphonse, à côté du monastère des pères. Encore aujourd'hui, le père Tremblay lisait le Nouveau Testament en grec, sa langue de composition originale.

Dans la communauté, on faisait également appel à lui pour ses connaissances de la langue française. Et ce n'était pas les derniers venus qui lui demandaient conseil : certains rédemptoristes avec de brillantes carrières en enseignement lui demandaient à l'occasion quelques conseils grammaticaux !

L'amour de la musique
Raymond Tremblay se passionnait pour la musique. Il y a quelques années, j'étais resté en sa compagnie pour écouter l'orgue à la fin d'une chaude soirée d'été dans la basilique. Pendant plusieurs minutes, il était resté assis sur son fauteuil dans le choeur, où le bois et le marbre vibraient tandis que l'organiste Pierre Bouchard terminait un morceau grandiose. Malheureusement, j'ai oublié le nom de la pièce. Mais je n'oublierai jamais la passion avec laquelle il m'en a parlé.

Tout au long de sa vie, le père Tremblay a rédigé et mis en musique beaucoup de chants religieux. L'an dernier, à l'occasion du 350e anniversaire du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, il a même composé une messe spéciale pour souligner cette fête. C'est d'ailleurs cette messe qui sera chantée lors de ses funérailles.

Il confiait qu'il ne s'endormait pas sans musique, et que cela lui venait de son enfance, du piano que lui jouait sa mère qui était musicienne.

L'amour de Dieu
« C'était un homme sans prétention. Un travailleur fidèle qui aimait saint Alphonse et qui aimait les rédemptoristes », affirme le père Guy Pilote. Le père Tremblay se préoccupait de la qualité spirituelle de l'humain. C'était un directeur spirituel couru et apprécié. Il a d'ailleurs co-fondé le mouvement des Marguerites dans lequel des individus « adoptent » spirituellement un prêtre et choisissent de prier pour lui.

Il a également travaillé à la conception de cours de spiritualité avec l'École de la Vie intérieure. Il voyageait et donnait ces cours à divers endroits au Canada. Cela l'a bien entendu amené à étudier la vie des grands mystiques du catholicisme et à se nourrir de leurs spiritualités.

Sa présence auprès des pèlerins était toujours fort appréciée. Sur un ton neutre, mais toujours souriant, il accueillait toutes les demandes des nombreux visiteurs au sanctuaire où il a passé les dernières années de sa vie. De plus, il écrivait beaucoup d'articles pour la Revue Sainte Anne, l'une des plus anciennes publications catholiques en Amérique du Nord.

Un homme pour l'éternité
Samedi, lors de ses funérailles pour lesquelles une foule considérable est attendue, le père Guy Pilote lira un court extrait du dernier document qu’a produit Raymond Tremblay sur le thème de la « réconciliation », une réflexion proposée aux pèlerins à l'occasion du thème retenu cette année pour la saison estivale des pèlerinages. Ce passage est tiré du feuillet « SANCTUAIRE SAINTE-ANNE-DE-BEAUPRÉ, RÉCONCILIONS-NOUS », juin 2009 :

« ME RÉCONCILIER AVEC DIEU »
« C’était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde en ne tenant plus compte des fautes des hommes » (2 Co 5, 19)

« Quel message réconfortant ! Peu importe les fautes que j’ai commises, je puis me jeter dans les bras de mon Père comme l’enfant prodigue et me laisser réconcilier par Lui. Avec Dieu, tout est possible, tout peut recommencer. Il me redonne ma dignité de fils ou de fille. Il me fait entrer dans la salle du banquet et célèbre la joie de mon retour. Il n’attend que ma confiance. »

***
Le père Tremblay sera exposé dans la chapelle de l'Immaculée-Conception ce vendredi. Ses funérailles auront lieu à 10h30 samedi. On peut se procurer le CD de certaines de ses compositions à la boutique du sanctuaire.

mardi 16 juin 2009

Estrie : fermeture du carmel de Danville avant 2010

Le Carmel de Belle-Croix à Danville, en Estrie, fermera ses portes d’ici la fin de l’année. La date exacte n’a pas encore été arrêtée, mais une messe d’actions de grâce est d’ores et déjà prévue pour le mois de septembre. Ce sera une manière de souligner les liens spirituels étroits qui unissent les sœurs qui y vivent et la population de la région... avant de partir.

« C’est douloureux pour tout le monde », confie sœur Denise, prieure du carmel de Danville.
« On sent également cette douleur dans la population. »

Il faut dire que le carmel a toujours été proche des gens de la région. « Je crois que nous avons au Québec le monastère carmélite qui a la meilleure symbiose avec la communauté qui l’entoure, donc cette perte est ressentie de manière encore plus grande », explique Sr Denise.

Le monastère ne fermera pas pour des raisons économiques. La fermeture est plutôt due au nombre décroissant de carmélites, à leur vieillissement et au manque de vocations.

Un carmel vietnamien
Le Carmel de Belle-Croix est né suite à l’arrivée de carmélites en provenance de Bui-Chu, au Vietnam. Fuyant l’avancée communiste, celles-ci sont arrivées à Montréal en 1954. Elles étaient alors vingt, dont quatorze Vietnamiennes et six Canadiennes. L’archevêque de Sherbrooke, Mgr Georges Cabana, les accueille en Estrie, dès 1957, à Danville.

Cette situation n'est pas unique à l'époque, puisque le carmel de Dolbeau, dans le diocèse de Chicoutimi, accueille lui aussi dans les années 50 les carmélites originaires de Hanoï, au Vietnam.

Or, il ne reste aujourd’hui que deux des quatorze sœurs vietnamiennes et une seule des six sœurs canadiennes. D’autres sœurs appartenant à d’autres monastères – appelées des conventuelles – sont également à Danville. Mais cela ne suffit pas à assurer la pérennité de ce carmel.

Double choc
Qu’à cela ne tienne : une lettre d’appui aux sœurs circule actuellement dans la région de Danville. Loin d’y voir une pétition axée sur des revendications, le curé de la paroisse Sainte-Anne, l’abbé Léo Durocher, parle plutôt d'un « soutien affectif ». Cependant, le curé s’attriste de ce départ :
« C’est désolant. Ça donne un coup, mais il faut se rendre à l’évidence ».

D’ailleurs, le choc est doublé par le départ de l’abbé Durocher dès le mois de juillet. En quelques mois, les gens de la région perdent ainsi leur curé résident – peut-être le dernier à habiter sur place – et les carmélites. L'abbé Durocher croit qu'il aura peut-être été le dernier curé résident à vivre parmi les paroissiens de Sainte-Anne, puisque le nouveau curé n'habitera pas sur place.

Le maire de Danville, Jacques Hémond n’était pas disponible pour commenter. Toutefois, il a déjà indiqué qu’il entendait prendre des actions pour trouver une solution qui permettrait d’éviter le départ des sœurs.

« L'esprit va demeurer »
Malgré tout, tant le curé que les sœurs demeurent sereins. « Elles sont le paratonnerre du coin, l’âme de la région. En quelque sorte, elles sont une manifestation visible de la présence de Dieu », illustre l’abbé Léo Durocher, avant d'ajouter que « plusieurs personnes faisaient appel à elles – avec succès – pour leur soutien dans la prière. Les histoires de grâces obtenues abondent dans la région ».

Les sœurs promettent qu’elles seront toujours là, malgré la distance : « L’esprit va demeurer. Nous allons continuer de porter tout le monde dans nos prières », assure Sr Denise.

NB : Danville se prononce «Danneville »

lundi 15 juin 2009

Église et Premières Nations : un autre pas conjoint

Un nouveau programme destiné à améliorer le sort des peuples des Premières Nations au Canada était lancé aujourd'hui à Vancouver. Baptisé Avançons ensemble, il vise à amasser 25 millions de dollars en cinq ans. L'argent servira à appuyer des programmes de guérison et d'éducation de la jeunesse. Encore une fois, deux importantes figures de l'amélioration des relations entre les Premières Nations et l'Église catholique au Canada se trouvent côte à côté dans cette initiative.

Le Chef national de l'Assemblée des Premières Nations (APN), Phil Fontaine (dont le mandat termine sous peu), et Mgr James Weisgerber, archevêque de Winnipeg et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) coprésident la campagne Avançons ensemble. Cette collaboration prend un tout autre sens lorsqu'on connaît l'histoire commune des Premières Nations et de l'Église catholique au Canada, depuis les origines du pays jusqu'à aujourd'hui. Cependant, elle est encore plus significative après l'année qui vient de s'écouler et au cours de laquelle tant d'étapes ont été franchies pour aller de l'avant.

Ce matin, Mgr James Weisgerber a évoqué le passé douloureux de plusieurs autochtones :

« Alors que nombre de personnes des communautés des Premières Nations, inuites et métisses ont trouvé l'espoir au sein de leur famille, le succès dans leur travail et l'épanouissement dans leur vie, d'autres continuent à vivre dans l'ombre d'un passé douloureux. [...] Les fonds recueillis dans le cadre de cette campagne permettront de les aider à guérir leurs blessures et à jouir des mêmes possibilités qui sont offertes aux autres membres de la société canadienne. »

Des communautés autochtones et des communautés catholiques, dont certaines ont même été impliquées dans le sombre épisode des « pensionnats indiens », travaillent conjointement dans le cadre de ce programme.

jeudi 11 juin 2009

Gatineau : l'église Saint-Paul détruite par un incendie

Dans la nuit du 10 au 11 juin, un incendie a complètement ravagé l'église Saint-Paul dans le secteur d'Aylmer. Le feu a débuté vers 1h30. Dès 3h00, l'essentiel des dégâts était déjà fait.

C'est une lourde perte pour la ville, puisqu'il s'agissait d'une église patrimoniale datant de 1893, mais également pour l'archidiocèse de Gatineau, qui perd ainsi un lieu de rassemblement pour des milliers de paroissiens.

Selon les policiers de Gatineau, l'incendie serait d'origine criminelle.


Heureusement, les vents étaient légers la nuit dernière, ce qui a évité que les flammes se propagent aux autres bâtiments avoisinants. C'est ainsi que le presbytère a pu être épargné.

Pour l'instant, il est trop tôt pour spéculer sur l'avenir de l'église. Toutefois, les dégâts sont trop importants pour la sauver. Le dossier est désormais entre les mains de la compagnie d'assurances. L'archidiocèse de Gatineau ne possède pas de fonds spéciaux en réserve pour de telles catastrophes.

Messe télévisée
Le 28 juin prochain, la messe de l'émission Le Jour du Seigneur réalisée par la SRC devait être diffusée en direct de l'église Saint-Paul pour marquer la clôture de l'Année saint Paul. Selon mes sources, ce projet n'est pas abandonné, mais il sera nettement modifié.

Une funeste histoire d'incendies
Ce n'est pas la première fois que l'église est la proie des flammes. La fondation et l'érection canonique de la paroisse Saint-Paul d'Aylmer datent de 1840. Une deuxième église construite à cet endroit brûle en 1892 ; la construction de l'église détruite hier soir débute dès 1893. En 1904, le bâtiment est endommagé par un incendie causé par la foudre. Enfin, les flammes ont raison d'elle au cours de la nuit du 10 au 11 juin 2009.

La statue reste dressée
Le clocher s'est écroulé au cours de la nuit, mais la statue du patron de l'église, saint Paul, est restée dressée, abritée par sa niche sur la façade. Selon René Laprise, directeur des communications au diocèse de Gatineau, les gens y ont trouvé une certaine forme de consolation.

Cela rappelle l'histoire de la statue de sainte Anne à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Lorsque la première basilique a brûlé en 1922, les deux clochers se sont écroulés vers l'extérieur, épargnant ainsi la statue de la grand-mère de Jésus. Cet événement a longtemps été vu comme un signe d'espoir par les habitants de l'endroit.

(Photo : The Ottawa Citizen)

mardi 9 juin 2009

Le porte-étendard du « moinagement » moderne en visite au Québec


Dom Hugues Minguet, o.s.b., effectue présentement une visite au Québec. Ce Français, fondateur de l'Institut sens et croissance, vient notamment parler de son concept de « moinagement », une expression aux accents humoristiques qui incarne le désir d'une gestion plus humaine dans les entreprises. Il obtient ce néologisme en contractant les mots « moine » et « management ». Il donnait une conférence à Québec le 8 juin et une autre à Montréal le lendemain.

Dom Minguet fait valoir que la tradition managériale des bénédictins a 15 siècles d'existence. Il n'hésite pas a comparer, sourire en coin, l'ordre bénédictin à une multinationale. Et cette multinationale a survécu grâce à certains principes de gestion qui sont encore pertinents aujourd'hui.

Juriste de formation, il rencontre chaque année des dizaines de gestionnaires dans diverses entreprises. Souvent, ceux-ci viennent le voir au monastère. Au contact des moines, ces dirigeants en sont progressivement venus à dire ouvertement leur désir de trouver un sens à leur travail. Par la suite, en réponse à une volonté d'action chez son père abbé, dom Minguet s'est mis à concevoir une unité de recherche avec une vingtaine de dirigeants de grandes entreprises.

Sens et valeurs éthiques
Le fondateur de l'Institut sens et croissance identifie quatre niveaux d'action pour améliorer les entreprises. En voici un résumé :

1. ce qui est mesurable. Une entreprise doit faire des profits. Mais elle doit le faire en incarnant un réel professionnalisme, terme qu'il associe à l'amour en raison du respect et de l'amour de l'autre que cela implique. Objectif : professionnalisme.

2. l'organisation. C'est le niveau de la cohérence entre les outils de management, les principes de management et les valeurs humanisantes. Objectif : épanouissement des personnes.

3. la qualité des comportements. Cela se mesure à la qualité de la confiance que se font les partenaires. Objectif : tisser des liens de qualité dans les interractions à l'intérieur et à l'extérieur de l'entreprise.

4. la qualité des finalités. La finalité implique l'avenir de l'entreprise, l'avenir des individus, mais aussi les personnes qui seront affectées par le travail qui est effectué. La qualité des finalités comprend également l'impact sur l'environnement. Objectif : des finalités qui se mettent au service d'humain.

Il identifie la motivation comme un élément clé du succès de l'entreprise et n'hésite pas à dire que c'est la qualité des rapports humains et du cadre de travail qui motive les travailleurs, loin devant la poursuite de profits.

Une nouvelle approche dans l'évaluation
Au lieu de tout miser sur les performances dans les entreprises, il suggère de repenser l'impact de l'employé à travers une nouvelle approche dans son évaluation. Ainsi, les performances comptent pour seulement un tiers dans l'évaluation de l'employé. Un autre tiers dépend de la qualité de la vie d'équipe qu'apporte l'individu, de même que sa capacité à participer à l'enrichissement des autres. Enfin, le dernier tiers porte sur l'apport fait à l'environnement. Dès lors, l'employé devient beaucoup plus qu'une simple ressource productive.

Bientôt un livre
Dom Minguet prépare également un livre qui s'appellera vraisemblablement Le «moinagement », ou comment sortir de la crise, qui pourrait être publié en septembre 2010 si les échéanciers sont respectés.

Vous pouvez également regarder une courte vidéo résumant sa pensée en cliquant sur ce lien.

(Photo : Institut sens et croissance)

mercredi 3 juin 2009

Mgr Dennis P. Drainville : de député à évêque anglican


Le nouvel évêque anglican de Québec a un parcours pour le moins inusité : après avoir servi dans l'armée, avoir été élu député à l'Assemblée législative de l'Ontario et avoir été professeur dans un CÉGEP en Gaspésie, il se retrouve maintenant à la tête du diocèse anglican de Québec. Il est l'un des promoteurs des mariages homosexuels au sein de l'Église anglicane canadienne, une question qui divise présentement la communion anglicane dans le monde.

Mgr Dennis Paul Drainville est originaire de Joliette. Né en 1954, il a fait ses études au Trinity College de Toronto avant d'être ordonné prêtre en 1983. C'est un homme au parcours éclectique qui a toujours su maintenir, dans ses engagements, le cap sur les valeurs de justice sociale qui lui sont si chères et dont il parle volontiers. Il a travaillé pour l'élimination de la pauvreté, notamment à Montréal. Alors qu'il était à la paroisse Christ Church, il a été aumônier de l'Université McGill. Chez les anglicans, Mgr Drainville est respecté pour son ministère pastoral social.

À Québec, il succède à Mgr Bruce Stavert qui occupait ce poste depuis 1991. Le départ de Mgr Stavert et l'arrivée de Mgr Drainville étaient prévus de longue date. Son premier défi à relever sera de continuer à faire sa place dans cette communauté de 8000 fidèles qui voit partir une figure familière en la personne de Mgr Stavert, qui était là depuis presque vingt ans.

Radio-Canada débaptise le cardinal Ouellet
L'installation de Mgr Drainville a eu lieu dimanche dernier. Le cardinal Marc Ouellet, l'archevêque catholique de Québec, était présent à cette occasion. D'ailleurs, la journaliste de Radio-Canada semblait tellement étonnée de voir que le cardinal Ouellet n'a pas communié, qu'elle a jugé bon de consacrer le seul commentaire de Marc Ouellet dans son reportage à cette évidence.

Le reportage a par la suite été transposé à l'écrit pour le site Internet de Radio-Canada où l'absence d'un É majuscule à « Église anglicane » et la confusion entre « Ouellet » et « Ouellette » laisse palper la méconnaissance du fait religieux dans cette société d'État.

Malgré tout, Radio-Canada est l'un des rares médias québécois a avoir relevé cette information.

(Photo : Anglican Journal)